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Risque majeur d’interférences au sommet

À la tête de BT, Verwaayen va devoir composer avec le colérique président du conseil d’administration, Sir Christopher Bland, adepte des renvois musclés.

“Ben, qui ?” Le moins que l’on puisse dire est que Ben Verwaayen n’était pas le candidat le plus attendu pour succéder à Sir Peter Bonfield au poste de PDG du groupe BT. Une injustice, car ce Néerlandais de 50 ans au nom imprononçable est loin d’être un inconnu dans le monde des télécommunications. Durant les quatre dernières années, Ben occupait le poste de vice-président de Lucent Technologies, le spécialiste américain des réseaux, duquel il avait dû prendre en main la restructuration. Un exercice difficile qui s’était soldé par la suppression de 20 000 emplois. Les mauvaises langues s’empressent d’ailleurs de susurrer que son équipe a laissé Lucent exsangue : au terme de son exercice financier 2001, la société affichait plus de 17,7 milliards d’euros de pertes. Les mêmes rappellent que cet ancien étudiant en droit et en sciences politiques avait présidé, auparavant, aux destinées de la défaillante compagnie néerlandaise KPN. Du passé, tout cela. Le groupe BT lui accorde aujourd’hui sa confiance en lui donnant un contrat de deux ans équivalant à 11,2 millions d’euros, une somme rondelette qui le place parmi les PDG britanniques les mieux payés du moment. Un montant excessif ? Non, assure le groupe, pour qui la rémunération de son dirigeant est liée à ses futures performances en tant que CEO.

Duel ou duo de meneurs

La réussite de Verwaayen à son nouveau poste dépend étroitement de la réalisation de ses objectifs. Mais pas seulement : le studieux patron doit aussi apporter la preuve qu’il saura s’accommoder du colérique président du conseil d’administration, Sir Christopher Bland. La partie ne serait pas gagnée d’avance. Les anecdotes ne manquent pas pour signaler le caractère “bien trempé” de Sir Bland. Ainsi, le chairman se serait disputé avec l’ancien directeur financier du groupe, Philip Hampton, pourtant fortement pressenti pour le poste de CEO aujourd’hui échu à Verwaayen. Le directeur financier a démissionné à la suite du clash. Sir Christopher Bland est aussi l’homme qui n’a pas hésité à renvoyer la moitié du conseil d’administration, responsable de l’accumulation de la dette. Ce businessman milliardaire a fait l’essentiel de sa carrière à la vénérable BBC où il a occupé différents postes à responsabilité jusqu’à sa prise de fonctions chez BT en avril l’année dernière. De ses années à la télévision britannique, on retient surtout son omniprésence et son implication de tous les instants. Des qualités que daucuns attribueraient davantage à un PDG. Reste à voir si la mayonnaise prendra sur le long terme entre Ben, le direct, et Christopher, le colérique.

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Stéphanie Salti