Les spécialistes du futur, fascinés par les ruptures du présent, ont rarement la sagesse de relire leurs prévisions à la lumière du passé. Freeman J. Dyson, universitaire américain qui, après des études de mathématiques, s’est consacré à la physique et à la biologie se fait prévisionniste, dans Le Soleil, le Génome et l’Internet. Avec la prudence que lui confère la connaissance de l’histoire des sciences. Rappelant que Wells et Jules Verne s’étaient trompés pour avoir voulu être trop précis, il donne des pistes. Celles-ci sont balisées par trois découvertes en cours de mise au point : l’utilisation économiquement rentable de l’énergie solaire, le développement de la génétique, et l’explosion de la communication. Il tient un discours d’enthousiaste sceptique. Le progrès technique est, pour lui, issu de la combinaison de la capacité d’abstraction, qui se concrétise dans la logique et les mathématiques, et de la volonté de réaliser des objets durables.
La première s’est incarnée de façon exceptionnellement féconde et brillante dans le monde hellénistique, la seconde dans la civilisation européenne médiévale des cathédrales. La Renaissance, en sachant unir les deux, a initié le développement de l’Europe, qui s’est amplifié avec la révolution industrielle. Pour que les inventions actuelles débouchent sur une mutation de même ampleur, il faut retrouver un respect semblable de la rigueur intellectuelle. Cette dernière a été mise à mal, aujourd’hui, par les inepties du politiquement correct, qui colporte la vision d’une science dont les résultats dépendent de l’origine sociale des chercheurs et un goût du travail et du grandiose proche de celui des architectes du Moyen-?’ge.
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