En 1984, les autorités américaines avaient contraint AT&38;T à un spectaculaire démantèlement. ” Ma Bell “, comme on surnomme la société, avait alors éclaté en huit sociétés : sept ” baby bells ” (Bell South, Nynex, Ameritech, etc. ) sur le marché local du téléphone, et AT&38;T, à la fois opérateur longue distance, constructeur télécoms et centre de recherche (Bell Labs). Quatre ans après s’être séparé de sa branche équipements, devenue Lucent, AT&T a pris lui-même la décision de se diviser en quatre unités. D’ici à 2002, AT&T se déclinera en quatre entités indépendantes et cotées en Bourse : AT&T Business (entreprises), Consumer (grand public), Wireless (mobiles) et Broadband (réseaux câblés). Celles-ci travailleront ensemble pour bâtir leurs offres. L’idée de ” guichet unique “, chère à Michael Armstrong, patron du deuxième opérateur mondial, est donc enterrée. Malmené sur la téléphonie longue distance et les mobiles, AT&T n’a pas réussi à percer sur le marché local, après le rachat des ” câblo-opérateurs ” TCI et MediaOne. L’américain fait donc le pari que chaque unité sera mieux à même d’affronter la concurrence sur son segment spécifique.
Rien ne va plus non plus dans l’autre branche de l’ex-empire AT&T : Lucent. Un signe qui ne trompe pas : président depuis 1997, Richard McGinn a été remplacé par celui qui l’avait précédé à ce poste, Henry Schacht, qui ne mâche pas ses mots : “Nous sommes sans conteste déçus par nos résultats de l’année 2000.” On reproche à Richard McGinn la chute de 70 % du cours de l’action depuis le début de l’année. Si le chiffre d’affaires progresse de trimestre en trimestre (c’est le cas de tous les constructeurs télécoms), le bénéfice s’érode : il est tombé de 768 millions de dollars au dernier trimestre 1999 à 600 millions de dollars cette année. C’est la conséquence, estiment les experts, de fautes stratégiques, notamment dans l’optique, dont il avait fait une priorité, et où il a perdu des parts de marché, ainsi que dans la téléphonie sur IP. Pour l’année à venir, le constructeur prévoit même, à cause des scissions, un recul du chiffre d’affaires. Impardonnable ! Pour rétablir la situation, Lucent, pourrait bien être contraint, sous la pression des actionnaires, de tailler dans son effectif de 125 000 employés.
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