Le Midem 2002 semble montrer un désintérêt des professionnels pour la musique en ligne. Comment l’expliquez-vous ? Il y a quatre ou cinq ans, tout le monde pensait que les magasins physiques allaient purement et simplement disparaître. C’est évidemment tout le contraire qui s’est passé : à Noël, nos Virgin Megastore(*) ont battu leurs records de ventes, toutes années confondues. Les consommateurs continueront à faire du shopping dans leurs magasins préférés. Cela dit, internet a permis et permettra encore d’élargir le marché en développant notamment un nouvel achat d’impulsion. L’arrivée de nouvelles technologies, comme la gravure de CD à la demande, va dans ce sens. Mais pour que cette forme de distribution online puisse se développer, il faudrait qu’elle soit soutenue par l’industrie musicale, que la négociation des droits s’effectue facilement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le piratage n’est-il pas la cause des hésitations des majors à céder leurs droits ? Il est difficile d’évaluer l’impact réel du piratage de titres en ligne. Les gens qui copient de la musique n’ont souvent pas les moyens de se l’acheter ! J’ai l’impression que les maisons de disques ont oublié ou font mine d’oublier que cela fait vingt ans que des cassettes audio sont copiées. C’est pour cela que je trouve que la taxe instituée sur les CD vierges est une bonne idée ; elle permet de remédier au piratage. Mais d’autres idées devraient être explorées, en dehors des taxes et des moyens de protection coercitifs. Pour qu’un individu ait envie d’acheter vos produits, il faut que vous créiez de la valeur ou une communauté. C’est ce que je m’attache à faire dans toutes mes activités.Que pensez-vous de Music Net et Press Play, les deux plateformes de distribution musicale à péage lancées par les majors ? Il faudra sûrement attendre deux ans ou plus avant de se prononcer sur leur avenir. Une chose est sûre, Press Play et Music Net sont potentiellement dangereuses pour les labels de musique indépendants. Les autorités de régulation devront veiller à ce que les indépendants, comme mon label V2, aient accès à ces plateformes dans les mêmes conditions que les majors du disque qui sont à l’origine de leur lancement [Universal et Sony Music ont lancé Press Play, Warner Music et BMG, Music Net, ndlr]. Concernant Virgin, nous avons conservé les droits d’exploitation de la marque sur le net. Nous pourrions développer une activité de vente en ligne ou autre chose sur Virgin.com. Mais pour l’instant, aucune décision n’a été prise.Vous vous êtes diversifiés dans la téléphonie mobile avec Virgin Mobile. Quels sont vos projets d’expansion en Europe et de complémentarité avec votre activité d’édition musicale ? Nous avons ouvert Virgin Mobile aux États-Unis il y a trois mois, alors pour l’instant, nous nous concentrons sur ce lancement. Dans les deux prochaines années, nous comptons étendre ce service dans de nouveaux pays européens. Pour l’instant, je ne vous dirai pas dans quels pays. Mais, pour prendre un parallèle, nous savons que nous aurons du mal à implanter notre compagnie aérienne Virgin Express à Paris car l’État français protège Air France… Par contre, avec l’arrivée de la troisième génération de téléphonie mobile, les synergies entre Virgin Mobile et notre label V2 peuvent devenir très fortes. La musique sera, je pense, le média qui profitera le plus des nouvelles technologies apportées par la norme UMTS, même si nous avons encore du mal à distinguer quelle forme cela prendra.
*envoyé spécial au Midem de Cannes
(*) Hors France, car Virgin a cédé ses magasins hexagonaux à Lagardère Groupe en 2001.
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