C’est l’une des expositions phares du moment, mais on y va sans exaltation, pressentant le sentiment de “déjà vu”. L’étrangeté de Magritte, les délires de Dali, le fantastique façon De Chirico… Les extravagances de La Révolution surréaliste, titre de l’exposition présentée au Centre Georges-Pompidou, peuvent-elles réveiller nos yeux et nos sens revenus de tout ? Plus que l’?”il, tout de même épaté par quelques chefs-d’?”uvre de poésie et de provocation ?” l’onirisme fantastique de L’ange du foyer de Max Ernst, à voir sur www.centrepompidou.fr, cliquer sur “expositions”, puis “La Révolution surréaliste” ; l’anamorphique Lion, cheval, dormeuse invisible de Dali, visible sur http://www.chez.com/salvadordali/tableau16.html ; ou le subliminal Personnage lançant une pierre à un oiseau de Miro, à admirer sur www.artchive.com/artchive/M/miro.html, cliquer sur “view of Joan Miro images on the web”, puis “Personage Throwing a Stone at a Bird”?”, c’est l’intellect et la mémoire collective que stimule ce capharnaüm de 600 peintures, sculptures, manuscrits et objets surréalistes.La révolution surréaliste, c’est une revanche de la vie sur les charniers de la Première guerre mondiale, de l’outrance des passions sur l’autoritarisme positiviste. Un jaillissement de l’inconscient, au-delà des conventions et des diktats. Une thérapie aussi parfois, comme pour André Masson, blessé au Chemin des Dames en 1917, interné en psychiatrie, dont les dessins automatiques ou tableaux de sable serviront d’exutoire à ses pulsions. Automatisme pictural, frottages, cadavres exquis, improbables collages, etc., les Surréalistes ont inventé tant de procédés pour s’extraire de la raison. L’exposition est truffée de ces chefs-d’?”uvre qui “proclament la suprématie du choc et de l’étonnement”, assure Werner Spies, commissaire (à lire sur www.centrepompidou.fr, cliquer sur “informations” en bas à gauche, puis “presse”, puis “accès aux communiqués”). Breton, Man Ray, Tanguy… produisent leur petit bout de photos, dessins, textes, pour façonner un cadavre exquis, celui d’une femme à la tête animale, transpercée d’une scie, comme posée sur un crucifix ! À ne pas manquer non plus : la salle des objets, reconstitution de l’exposition présentée à la galerie Charles-Ratton en 1936, apogée et début du déclin du mouvement. Le surréalisme passe insensiblement de l’ère de l’expérimentation à celle de la “massification” (donc vulgarisation), l’étrangeté se perdant dans la banalité, celle des objets, certes détournés.Quelques petites merveilles : le Buste de femme rétrospectif de Dali, le fameux Déjeuner de fourrure de Oppenheim, ou l’étonnant et “cataplasmique”
Portrait d’Ubu de Dora Maar (cette dernière pièce est commentée dans le dossier “La révolution surréaliste, parcours et pistes pédagogiques”, sur www.centrepompidou.fr). Au final, une exposition d’une infinie richesse, mais moins cohérente que celle de la Tate Modern de Londres, à l’automne 2001 (exposition à voir en version réduite au Metropolitan Museum de New York jusqu’au 12 mai, www.metmuseum.org/special/index.asp), sur un thème ô combien porteur : le désir.“La Révolution surréaliste “, jusquau 24 juin au Centre Georges-Pompidou, 01 44 78 12 33.
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