Photoshop Elements, Paint Shop Pro ou Photo Pro Suite sont des logiciels formidables. En quelques clics de souris, vous pouvez effacer un détail gênant sur une photo, gommer les taches de rousseur du petit dernier, effacer les oreilles
de lapin qu’un petit farceur avait fait surgir derrière la tête de la mariée ou transformer un temps pourri en un soleil radieux. Nul besoin d’être un expert pour éliminer proprement d’un cliché le cousin Jules avec lequel vous êtes fâché depuis
peu…Toutes ces manipulations ne sont-elles pas, finalement, qu’une façon de déguiser la vérité ? Au fond, que voulez-vous conserver ? Un souvenir fidèle ou une vision idéalisée de la réalité ? Ces imperfections que vous
déplorez sur vos clichés, ne font-elles pas partie intégrante de ces souvenirs, de même que les craquements d’un vieux disque 45 tours nous sont devenus familiers ?Bien sûr, dans certains cas, la retouche s’impose. C’est le cas de la correction des yeux rouges. Mais ici, il ne s’agit que de corriger un défaut engendré par l’appareil lui-même. L’accentuation du contraste, la correction d’une
dominante de couleur et le renforcement de la netteté font également partie des améliorations indiscutables.Mais l’élimination de tout détail jugé ‘ parasite ‘ risque de dénaturer vos souvenirs. Ce poteau télégraphique, que vous trouvez si disgracieux à côté de la maison familiale de vos vacances, réfléchissez bien
avant de l’éliminer d’un coup de tampon dans Photoshop. Peut-être vos enfants y grimpent-ils (à votre insu) pour y dénicher des oiseaux. Effacer ce poteau, c’est faire disparaître ce souvenir.Après tout, si vous conservez vos photos personnelles, c’est pour évoquer, plus tard, ces années révolues. Le cliché que vous vous apprêtez à ‘ améliorer ‘ a été pris dans une certaine ambiance, en des
circonstances bien précises. Il perdra son pouvoir de réminiscence si cette ambiance est dénaturée.Les possibilités de retouche sont telles qu’une photo numérique ne peut plus, aujourd’hui, constituer la moindre preuve de l’authenticité de la scène qu’elle représente. Ce qui est un peu préoccupant quand on sait que la plupart des
photos de presse d’information ou sportives ont numériques. Car, de la simple correction de défauts, on passe tout naturellement à la ‘ rectification ‘ des informations, puis à l’élimination de ‘ détails
gênants ‘. Une évocation qui, prise dans un contexte politique, a quelque chose d’inquiétant, ne trouvez-vous pas ?* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur Individuel.
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