Intronisé comme nouveau président de l’Arcep, Sébastien Soriano vient de donner quelques pistes de travail pour son mandat de six ans. L’un des chantiers sur lesquels il aimerait se pencher concerne directement les consommateurs : améliorer les cartes de couverture des réseaux mobiles. « On a aujourd’hui des cartes assez pauvres, publiées par les opérateurs de manière fragmentée, explique-t-il auprès de l’AFP. Il faudrait mieux coller à ce que ressentent les consommateurs, afin de pouvoir leur donner une information qui corresponde plus à leur expérience. L’Arcep va y travailler avec les acteurs. Il y a notamment des pistes intéressantes à examiner dans le domaine de l’open data et du crowdsourcing. »
Les cartes actuelles sont réalisées par les opérateurs. Il arrive parfois de ces derniers exagèrent leur couverture. SFR a été épinglé par l’Arcep en juillet 2014 pour cette raison. Mais dans l’ensemble, les données fournies respectent le cahier des charges de l’Arcep. Depuis 2007, l’autorité procède d’ailleurs régulièrement à des mesures secrètes réparties sur le territoire et elles sont cohérentes avec les cartes fournies par les opérateurs.
Mais le problème, c’est que toutes ces cartes sont issues d’une simulation informatique, basée sur la prédiction de la force du signal en un point donné. Pour réaliser ce calcul, les opérateurs combinent un modèle mathématique de propagation des ondes radioélectriques avec tout un tas de données locales : la positionnement et la configuration des stations de base, les caractéristiques de l’environnement (urbain, plaine, forêt…), etc. D’après les opérateurs, ces simulations auraient une précision de l’ordre de dix à cent mètres.
L’intérieur de bâtiments n’est jamais pris en compte
Mais souvent, ces cartes ne cadrent pas avec l’expérience des utilisateurs sur le terrain. Ainsi, on peut voir afficher toutes les « briques » en 4G sur son terminal et quand même avoir un débit catastrophique en raison d’une mauvaise liaison entre la station de base et le cœur de réseau. Il faudrait donc intégrer des indicateurs de qualité de service. Ensuite, les cartes de couverture ne sont pas valables pour l’intérieur des bâtiments, mais seulement pour l’extérieur. Or, l’utilisation « indoor » des réseaux mobiles est importante.
L’idée de l’Arcep serait donc d’enrichir les cartes actuelles avec des données supplémentaires, provenant notamment des utilisateurs. Ces données existent et sont collectées au travers d’applications mobiles telles que Sensorly, OpenSignalMaps, 4GMark ou RootMetrics. Mais l’intégration de ces données n’est pas évidente. Tout d’abord, elles sont généralement créées par des entreprises privées. L’Arcep ne peut donc pas en disposer librement. L’autorité devrait probablement les acheter, or alors créer sa propre application. Mais ses moyens financiers sont limités.
Ensuite, ces données sont très disparates. Chaque utilisateur possède un terminal différent qui fournit des résultats différents. Il faudrait donc tenir compte des capacités techniques de chaque modèle de téléphone pour pouvoir en tirer des informations pertinentes. Pire : il faudrait également tenir compte de l’environnement. Une mesure prise au cinquième étage d’un bâtiment n’est pas identique à celle prise dans le parking du même bâtiment. Pourtant, le point de mesure sera positionné au même endroit ! Enfin, ces mesures prises par les utilisateurs ne couvrent pour l’instant qu’une petite partie du territoire français. Il faudrait plus de participants.
Bref, créer des cartes de couverture plus fiables est un vrai casse-tête, mais pour le consommateur, ce serait un vrai plus.
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