Universités et grandes écoles françaises se mettent enfin à l’e-learning. Lentement certes, mais les premiers signes de foisonnement d’une nouvelle offre se font enfin sentir.L’Etat soutient déjà depuis deux ans des projets en la matière. A ce jour, 77 campus numériques en développement bénéficient de l’aide financière du ministère de l’Education nationale. Ce dernier dispose d’une enveloppe totale de 73 millions de francs pour ses deux appels à projets (2000 et 2001).Dix campus numériques devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année. Deux d’entre eux accueilleront leurs premiers étudiants cette rentrée : le Campus numérique en économie et gestion ( Canege) ainsi que le Campus ouvert droit, éthique et société ( Codes).Le premier réunit l’université de Paris Dauphine, celles de Sophia Antipolis, Nancy 2 ou encore la faculté Jean Monnet. Le second celles de Nantes, de Paris X, de Paris II, mais aussi l’Unesco, le Comité consultatif national d’éthique, et bien d’autres.Les deux campus sont régis par le même principe : les étudiants sont invités à s’inscrire, à suivre leurs cours à distance sur Internet, à renvoyer leurs devoirs par mail, puis à passer un examen en fin d’année dans l’université la plus proche de chez eux, pour obtenir leur diplôme.
Le virtuel plus cher que le réel
Les frais d’inscription aux cours sont plus élevés qu’en université traditionnelle : il faut compter 2 000 euros pour une année de Deug avec Canege et près de 1 000 euros pour un diplôme sur les droits fondamentaux avec Codes.Cette université justifie ses prix élevés par le fait que les étudiants des pays riches financent le cursus de ceux des pays pauvres. Pour le même diplôme, un Africain paiera près de 150 euros contre 1 000 euros pour un Français.Pour sa part, Canege plaide la rentabilité : l’investissement consenti pour ce campus s’élève à 50 millions de francs (7,6 millions d’euros) sur trois ans. L’Etat participe à hauteur de 2 millions de francs, chaque université apporte 3 millions par an, le Cned, 4,5 millions par an, les étudiants étant là pour financer le reste.
Un campus pour les grandes écoles
Parallèlement, HEC enseignera bientôt en ligne le droit des sociétés à ses élèves, ainsi qu’à ceux de l’Ecole polytechnique. Elle vendra également ses cours à des entreprises par l’intermédiaire de Campus of Europe, un campus virtuel interuniversitaire créé et opéré par une start-up répondant au nom éloquent d’e-charlemagne.Cette dernière invite les professeurs à intégrer leurs cours en ligne avec ses outils de création et de publication, puis vend les cours sur sa plate-forme et reverse des royalties aux professeurs et aux écoles. ” Campus of Europe a su proposer une solution motivante pour les professeurs. J’espère qu’ils seront nombreux à trouver le principe intéressant “, raconte Jacques Dang, directeur de l’informatique et des nouvelles technologies éducatives d’HEC.Campus of Europe compte mettre en ligne un master de droit ainsi qu’un master en sciences d’ici à six mois. Pour le jeune créateur de la start-up, Antoine Dubost : ” Les entreprises sont en forte demande de contenus d’experts qui portent le sceau de nos grandes écoles. Nous espérons être en mesure de proposer 400 modules européens en cinq ou six langues d’ici à trois ans.”Au-delà des entreprises, Jacques Dang voit dans le développement de ce consortium une opportunité d’investir les marchés étrangers : ” En mutualisant les compétences des grandes écoles, nous créons les conditions optimales pour affronter la concurrence internationale “, estime-t-il.Universités et grandes écoles sont donc en marche vers le virtuel. Reste à voir quelles stratégies ces institutions entendent développer pour gagner leur pari économique mais également social.
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