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Rencontre avec Madame Michu

Moi aussi je l’ai rencontrée… Et en son nom, on peut raconter tout et n’importe quoi…

Madame Michu, c’est notre légende urbaine à nous, pauvres journalistes techniques. Elle est le prétexte pour nous faire gober tout et n’importe quoi. L’arme ultime pour tenter de nous faire croire que si une technologie
est imparfaite, c’est qu’elle a été pensée pour Madame Michu. Rien que pour ses yeux, on inventerait tous les jours de nouveaux objets high-tech. Florilège, pas si fictif.

Avec une machine au clavier dépouillé, aux applicatifs pour décérébrés, et pilotée par un Linux simplifié, Madame Michu comprendrait enfin comment rédiger un e-mail ou surfer sur Internet. Ben voyons ! Personnellement, mes
Mesdames Michu à moi sont actives, travaillent depuis plus de 10 ans avec un ordinateur et n’ont, comme préoccupation, que d’en finir avec le très normal Monsieur Michu. Un mari qui, bien incapable de paramétrer le modem routeur,
se montre tout aussi inefficace lorsqu’il s’agit de changer un robinet ou de repeindre la salle de bains.

Elle ne verrait pas d’inconvénients à ce que son nouveau PC soit plus lent que l’ancien. Elle trouverait tout aussi normal de voir sa machine mettre trois plombes à se mettre en veille, de se contenter de
l’interface Aero, d’accepter la nécessité de s’armer de patience, et de mises à jour, pour trouver un quelconque attrait à l’utilisation de Vista.

Pour faire ses clichés, Madame Michu utiliserait des appareils photos qui détectent automatiquement les sourires. Des fois qu’elle ne saurait pas percevoir le rictus de son mari lorsque ?” triomphant – il a réussi
à déboucher l’évier. Madame Michu se passionnerait tout autant pour les appareils compact 12 Mpixels pour réaliser des images bruitées en 4 000 x 3 000 pixels, et ce, pour imprimer des photos sur du papier 10
x 15. Qu’elle est crédule cette Madame Michu…

En tout cas, c’est ce que l’on prétend. On a tellement simplifié la vie de Madame Michu que, lorsqu’elle souhaite enregistrer autre chose que l’émission en cours, elle doit enlever ses charentaises, enfiler son imper et affronter
le froid pour aller acheter le programme télé de la semaine. A l’ancienne, comme avant que la technologie frappe à sa porte.

Madame Michu, c’est celle pour qui l’on conçoit aussi :


– des disques durs Wi-Fi pour y transférer ses films à très bas débit,


– des webcams Skype pour parler à sa mère,


– des téléphones roses et à paillettes pour effarer ses copines,


– des cartes mères écolos pour se la jouer fashion victime,


– des GPS pour regarder la télévision dans les bouchons.Quelle a bon dos Madame Michu !

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Thierry Derouet