“Lors des arbitrages budgétaires, l’e-business se défend aujourd’hui au même titre que les autres chantiers”, insiste Jean-Paul Mériau, le directeur du programme e-business de Renault. À l’entendre, les révisions de calendrier ne remettent pas en cause la place des nouvelles technologies dans la stratégie du constructeur automobile. “Au contraire, plaide-t-il, nos investissements technologiques seront supérieurs en 2002 à ceux de 2001, même si la progression est moins importante que prévue.” Mais, en admettant à demi-mot que l’enveloppe tournera autour de 38 millions d’euros cette année, il confirme que les 38 à 45 millions d’euros annoncés pour 2001 n’ont pas été dépensés.En fait, la couleur a été annoncée dès la fin du mois d’octobre dernier : la présentation des résultats sur les neuf premiers mois de l’année prévoyait l’intensification du plan de réduction des coûts. Quelques semaines plus tard, Louis Schweitzer, PDG du groupe, citait l’e-business comme l’un des postes de dépenses les plus exposés, dans un entretien au magazine Automotive News. Au total, le plan de réduction des coûts portera sur 1,12 milliard d’euros sur trois ans.
Version ” light ” à l’Est
Le vent a tourné en quelques mois. En avril 2001, trois sites “quasi marchands” étaient mis en ligne en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. L’ordre de marche initial de ce projet, baptisé “Renault.site” et budgetisé à 38 millions d’euros, prévoyait dès 2002 un déploiement dans les pays où la présence du constructeur français était jugée “significative “.
“Le Brésil et l’Espagne restent au programme cette année, recadre Jean-Paul Mériau. En revanche, nous mettrons en ligne une version “light”, notamment en Europe de l’Est, sans configuration du véhicule en ligne, ni prise de contact par mail avec le concessionnaire le plus proche.”“Nous avions sous-estimé les efforts d’organisation et de formation des personnels impliqués”, concède le directeur e-business. Un constat qui explique aussi le report du projet “Renault.parts”, destiné à l’approvisionnement en pièce détachées des concessionnaires et de la multitude de réparateurs automobiles. Prévu pour la fin 2001, il ne sera opérationnel qu’au dernier trimestre 2002.Mais l’e-business n’est pas seul à accumuler les retards. C’est aussi le cas de l’ambitieux programme “Nouvelle distribution”. Lancé en 1999, il visait, à la fin 2001, la réduction à 15 jours du délai de livraison des véhicules dans dix pays européens, notamment grâce aux nouveaux sites commerciaux. Début janvier, François Hinfray, le directeur commercial, a reconnu que, fin 2001, seuls 21 % des véhicules avaient été livrés dans ce laps de temps.Le constructeur apparaît donc aujourd’hui victime de ses ambitions, et de la multitude de chantiers ouverts ces dernières années. Mais si, en interne, on ne parle encore que de “repositionnements dans les calendriers d’investissement”, pour certains prestataires technologiques, les arbitrages ont des conséquences brutales. Par exemple, la sélection d’une nouvelle plateforme technologique pour étoffer le programme d’e-learning a été annulée, quelques semaines après le terme de l’appel d’offre. “Nous avons fixé la barre du retour sur investissement à un an, explique le directeur e-business. Et le calcul est plutôt plus facile que pour d’autres projets, car nous comparons avec le coût d’un enseignement classique.”L’heure n’est pas, pour autant, à la démobilisation : “Nous devons faire vivre les programmes déjà opérationnels, comme le chantier du B to B pour lequel nous avons choisi d’investir dans la place de marché Covisint, insiste Jean-Paul Mériau. Et sur le volet commercial, les idées que nous avons dû geler ressortiront plus tard.”
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