Depuis l’e-krach du printemps dernier, on pouvait penser que les feuilles de paye des dirigeants des entreprises de la net économie allaient fondre inexorablement. C’est tout le contraire, si l’on en croit l’étude européenne menée jusqu’en janvier 2001 par le cabinet de recrutement Futurestep (filiale de Korn Ferry International) auprès de deux mille cadres dirigeants.Ces spécialistes en ressources humaines annoncent en effet, pour l’année à venir, une majoration de 22 % des émoluments des responsables des sociétés de la nouvelle économie. “La moitié du panel de l’étude était constituée d’entreprises venant de se créer ou préparant leur introduction en Bourse. 30 % d’entre elles venaient d’être cotées, et 20 % n’étaient autres que les divisions internet de grands groupes traditionnels”, précise le directeur général France de Futurestep.
La fin d’un retard français
Fait notable, les pronostics d’augmentation se limitent à 10 % pour les autres pays européens, et pour cause : “Il existe deux explications, indique Didier Bonnefoy. D’une part, la conjoncture, qui oblige les entreprises du net à améliorer leurs offres salariales pour attirer des candidats de qualité. Et surtout, une nécessaire mise à niveau, en France, avec les tarifs pratiqués en Europe, et notamment au Royaume-Uni”.À titre indicatif, en février 2000, le salaire brut annuel d’un directeur général d’une entreprise de la nouvelle économie s’élevait en moyenne à 2,4 millions de francs à Londres, contre 1,1 million ?” à poste équivalent ?” à Paris. En ce qui concerne les primes et bonus, seuls 19 % des directeur généraux de dot-com en reçoivent dans l’Hexagone, contre 70 % pour leurs homologues d’outre-Manche.Et au final, ce différentiel est accentué par les disparités fiscales qui persistent entre les pays de l’Union européenne. Cette situation a valu à la France d’être reléguée à la septième position du classement des environnements nationaux les plus favorables aux entreprises de croissance, autrement dit aux sociétés de la net économie. Un palmarès établi en janvier dernier, pour dix pays, par le cabinet Arthur Andersen et l’association Croissance Plus.“L’inflation prévue des salaires va encore accroître la pression sur les sociétés les plus fragiles, reconnaît Didier Bonnefoy. En revanche, celles qui seront encore là dans les dix prochains mois seront véritablement pérennes “.Autre enseignement de cette enquête : la place réelle des stock-options dans la rémunération globale. En France, en général, un directeur général non fondateur détient, sous cette forme, 2,5 à 3 % du capital de la société, lorsqu’elle est déjà cotée en Bourse, contre “seulement” 1 à 2 % pour chacun des autres cadres dirigeants. En Grande-Bretagne, note l’étude de Futurestep, cette proportion avoisine respectivement 4,9 % et 2,6 %.
Un indice de confiance
“Le candidat à l’embauche ne doit pas oublier qu’un salaire important en cash dans la net économie est souvent un bon indice de la qualité de l’entreprise”, insiste Didier Bonnefoy, qui voit dans cette surenchère le signe positif de la guerre des talents. “Les dot-com doivent mettre la main au portefeuille pour attirer et retenir les bons éléments. Sinon, ils retourneront tout simplement dans l’industrie traditionnelle”, poursuit-il. À bon entendeur…
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