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Remplacer les services de Google, le nouveau casse-tête de Huawei

Interdit de Google, Huawei a mis au point une nouvelle stratégie : développer son propre écosystème d’applications. Mais cela est risqué et les chances d’aboutir sont faibles pour le constructeur.

L’AppGallery plutôt que le Play Store. Huawei a été forcé de franchir le pas ce 19 septembre à Munich (Allemagne). En seulement deux minutes sur une conférence de près de deux heures, le constructeur chinois a confirmé que sa série de smartphones Mate 30 ne profiterait pas des services Google. La faute au décret signé en mai dernier par Donald Trump, interdisant les entreprises américaines – et donc Google – de collaborer avec Huawei.

Plutôt que les GMS (Google Mobile Services), la marque de Shenzhen intègre donc au Mate 30 ses HMS (Huawei Mobile Services). Une couche logicielle qui devrait permettre aux applications de fonctionner malgré tout. Le constructeur annonce 11 000 applications disponibles au sein de son AppGallery et 45 000 qui savent déjà faire appel à certains services de HMS. C’est par exemple le cas de Map Kit, qui peut remplacer au sein d’une application la cartographie fournie habituellement par Google Maps.

4 millions d’applications sur le Play Store

Reste que l’offre du Chinois ne pèse pas lourd face aux 4 millions d’applications disponibles dans le Play Store de Google. À Huawei donc de mettre en place tout un écosystème qui attire les développeurs et les incite à rendre compatibles leurs applications avec HMS. Pour cela, Huawei a annoncé avoir provisionné 1 milliard de dollars pour convaincre les éditeurs à franchir le pas. La société avait annoncé lors de l’IFA qu’elle proposerait d’installer soi-même les services Google, mais cette stratégie semble donc inapplicable.

Investir massivement auprès des développeurs, c’est la voie qu’avait également adoptée Microsoft lors du lancement de ses Windows Phone. Des années après, le système d’exploitation a été abandonné, témoignant de la faible pertinence de cette approche. Pour modérer cette comparaison, reconnaissons toutefois que Microsoft partait d’une part de marché de 0 %, quand Huawei est le deuxième constructeur mondial, profitant d’une base installée de plusieurs centaines de millions de smartphones.

Un smartphone sans Netflix, YouTube ou Instagram

Mais cette stratégie ne prend pas en compte que les applications Google ne seront jamais disponibles. Les consommateurs européens achèteront-ils un smartphone sur lequel YouTube est accessible seulement via une interface web ? D’autre part, les autres applications américaines seront-elles autorisées à collaborer avec Huawei ? Pour l’instant, Washington n’a donné son accord à aucune d’entre elles. Netflix, Facebook, Instagram ou Twitter ne seraient ainsi jamais proposées sur le Mate 30 et ses successeurs.

Cela n’est pas gênant sur le marché domestique de Huawei où ces services sont de toute manière inexistants. Mais la donne est en revanche complètement différente en Europe où ces applications sont capitales pour les utilisateurs. Huawei pourra-t-il alors se passer du marché européen qui représente tout de même la moitié de ses ventes hors de Chine ?

Pour l’instant, c’est le choix qu’a fait la marque. Les Mate 30 ne seront pas disponibles sur le vieux continent jusqu’à nouvel ordre et rien n’indique que ce soit le cas un jour. Huawei n’a donc plus d’autre choix que de capitaliser sur ses modèles déjà commercialisés en Europe, mais cette stratégie ne pourra évidemment que durer un temps. 

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Jean-Sébastien Zanchi