Les allers et retours furent nombreux, dans le ciel du désert de Mojave, en Californie. Un peu plus rapides à chaque fois, un peu plus longs aussi, les vols du prototype XB-1 de l’entreprise américaine Boom Supernonic se sont multipliés entre septembre et décembre. Ils furent onze au total, et voilà que le douzième, ce mardi 28 janvier 2025, va franchir pour la première fois le mur du son. Un objectif central, pour une entreprise rêvant de remplacer le Concorde, et démocratiser les vols supersoniques, 22 ans plus tard.
Voir le vol supersonic du démontrasteur XB-1 de Boom Supersonic en direct :
Mise à jour au 28/01/2025 à 17h35 : après un peu plus de douze minutes de vol, et à une altitude de 35 000 pieds, le démonstrateur XB-1 a reçu l’autorisation d’accélérer jusqu’à Mach 1.1. Une étape qui s’est soldée par un succès. Son passage au-delà du mur du son aura duré un peu plus d’une minute avant que l’appareil ralentisse à Mach 0.92. Une deuxième puis une troisième phase supersonique se sont produites quelques minutes plus tard, pendant plusieurs dizaines de secondes encore. Au bout de 24 minutes de vol, l’appareil a reçu l’indication de retourner à la base, pour une fin de mission.
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« Une partie de moi n’arrive toujours pas à croire que nous avons construit cela et que cela fonctionne », écrivait sur X Blake Scholl, le patron de Boom Supersonic le 24 septembre dernier. Il y a quatre mois, l’homme d’affaires qui fondait sa startup aéronautique dix ans auparavant était encore à se réjouir que les plans fonctionnaient pour des vols de courte durée, qui n’avaient que pour objectif de tester la maniabilité de l’appareil, le faire décoller et atterrir. Le voilà maintenant à féliciter ses équipes, après avoir collaboré avec Starlink pour offrir une retransmission en direct du premier vol de XB-1.
La communication autour du vol rappelle celle de SpaceX. Blake Scholl l’a bien compris, lui qui utilise déjà la plateforme X pour faire sa communication, tente d’incarner sa startup à la manière d’Elon Musk. Après avoir partagé une capture d’écran du message Slack qu’il envoyait à ses employés la veille du vol supersonique, l’homme a recruté une équipe pour animer la vidéo en direct du démonstrateur XB-1. Pour des images embarquées, Boom Supersonic suivra son avion grâce à un autre appareil, le T-38, réputé pour être le premier avion de chasse supersonique pour les entraînements de l’US Air Force, il y a 65 ans. Dans son cockpit, une antenne Starlink, pour retransmettre les images sans latence et de la meilleure qualité possible.
« Aujourd’hui, le XB-1 a pris son envol dans le même espace aérien sacré où le Bell X-1 a franchi pour la première fois le mur du son en 1947. J’attends ce vol avec impatience depuis la création de Boom en 2014, et il marque l’étape la plus importante à ce jour sur notre chemin vers la mise à disposition de voyages supersoniques aux passagers du monde entier », déclarait Blake Scholl. XB-1 n’est pas « Overture », la version de l’aéronef qui doit accueillir des passagers à bord, mais il intègre ses futures technologies, et ses futures fondations pour garantir sa sécurité, apprend-on sur le site internet de Boom Supersonic.
Comment fonctionne l’avion supersonique de Boom Supersonic ?
Le démonstrateur XB-1, utilisé pour le premier vol supersonique de Boom Supersonic, est un avion de 21 mètres de long, disposant d’une envergure légèrement supérieure à 5 mètres. Sous ses ailes et sur son dos, l’appareil est équipé de trois turboréacteurs General Electric J85-15, capables d’emporter avec eux des carburants d’aviation durable (SAF), pour réduire l’empreinte carbone lors des vols. Pour le reste, la forme des ailes en delta et l’aspect compact de l’avion ont été minutieusement étudiés pour minimiser l’ampleur du bang supersonique créé lorsque l’avion dépasse le mur du son.
D’autres critères de fabrication ont dû être pris en considération pour faire face aux conditions extrêmes d’un vol supersonique. Parmi eux, les matériaux de la structure. Boom Supersonic a naturellement choisi des matériaux composites renforcés de fibres de carbone, permettant de limiter le poids de l’appareil et lui conférer une résistance aux températures importante. Évidemment, l’appareil est amené à évoluer, d’autant plus qu’il ne sera pas la silhouette finale du projet de remplacement du Concorde par Boom Supersonic. Le vrai remplaçant s’appellera « Overture ».
L’avion XB-1 prépare les fondations de « Overture »
Le premier vol du démonstrateur XB-1 au-delà du mur du son (autour des 1 235 km/h) se déroule donc avec une seule personne à bord, à savoir le pilote. Il va permettre de simuler ce que, Overture, devra réaliser à l’avenir, dans un aéronef constitué d’une cabine comprenant entre 65 et 88 sièges, selon les configurations de sa version finale. L’objectif de l’avion sera, comme l’était le Concorde, de relier des destinations lointaines, en profitant des survols des océans pour dépasser Mach 1 (la vitesse du son) et s’approcher de Mach 1.7. Sa commercialisation est prévue pour 2030, mais son programme de développement est planifié pour l’année prochaine.
Déjà trois compagnies se sont montrées intéressées par les services que pourra rendre Overture de Boom Supersonic. American Airlines, Japan Airlines et United Airlines auraient déjà commandé un total de 130 avions en tout. Sur le papier, la promesse de l’entreprise est de pouvoir couvrir un rayon de 7 870 kilomètres, loin des 1 900 kilomètres du modèle de démonstration XB-1 que nous avons pu observer aujourd’hui. Pour promouvoir son futur aéronef, l’entreprise évoquait par exemple l’intérêt de pouvoir relier l’archipel hawaïen en deux fois moins de temps qu’un avion de ligne conventionnel (5 heures et 30 minutes).
En attendant les premiers vols d’Overture, nous pouvons nous attendre de la suite des vols d’essais sur XB-1 une démonstration à la vitesse maximale de l’appareil, annoncée par Boom Supersonic à Mach 2.2. En termes d’altitude, la société pourrait aussi chercher à démontrer la capacité de voler très haut, alors que le modèle Overture devra réaliser ses vols à une altitude de croisière de 60 000 pieds, bien plus haut que les niveaux 300 et 400 (30 000 et 40 000 pieds) des avions de ligne d’aujourd’hui.
Les débuts de Boom Supersonic
Derrière le projet Boom Supernosic, les investissements furent nombreux et devront l’être d’autant plus que la startup aura besoin de capacité de production pour devenir un vrai avionneur, en parallèle à Airbus et Boeing. Lors de ses débuts, Boom Supersonic rejoignait les rangs de l’incubateur Y Combinator, le plus connu des accélérateurs américains à destination des startups. Cette incubation permettait à un certain Sam Altman, le cofondateur et PDG du géant de l’intelligence artificielle OpenAI de rejoindre son capital.
C’est en 2017 que les compagnies aériennes ont commencé à se pencher sérieusement sur Boom Supersonic, et réfléchir à lui commander des avions tout en grimpant au capital. Au mois de décembre cette année, Japan Airlines mettait 10 millions de dollars sur la table, alors que la valorisation de la société ne dépassait pas 50 millions de dollars. La conclusion d’une année fructueuse, avec de nombreuses opérations de financement : 33 millions de dollars en mars, 41 millions en avril.
En 2019, la collecte changeait d’échelle, avec une levée de fonds de 100 millions de dollars, qui illustrait l’engouement des investisseurs autour d’un premier vol du démonstrateur XB-1 plus tard dans l’année.
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