Trente-cinq prévenus poursuivis pour une vaste escroquerie bancaire sur internet organisée depuis l’Ukraine et la Russie ont été relaxés vendredi par le tribunal correctionnel de Paris. L’escroquerie, dont les principaux instigateurs n’ont pas pu être identifiés ou poursuivis, consistait à récupérer sur internet les identifiants de connexion ou les coordonnées bancaires de clients de banques françaises, le CIC et le Crédit Mutuel.
L’argent frauduleusement récupéré était ensuite envoyé en Ukraine et en Russie par les prévenus, utilisés comme « mules », via des mandats Western Union. Ces « mules » avaient été démarchées par des courriers électroniques, parfois dans un français approximatif, qui proposaient de les recruter pour un travail financier très rémunérateur et qui ne demandait que peu de temps.
Escrocs sans le savoir
Leur rôle était de renvoyer l’argent versé sur leurs comptes par mandats auprès de 35 destinataires, 28 en Ukraine, 7 en Russie. Près de 85.000 euros ont ainsi été envoyés par ce biais. Les « mules » effectuaient des virements de 500 à 3.000 euros sur lesquels elles touchaient une commission de 7%.
La 13e chambre du tribunal correctionnel a estimé qu’il n’existait pas suffisamment d’éléments dans le dossier pour démontrer que les prévenus savaient qu’ils participaient à une escroquerie. 84 « mules » avaient été identifiées dans le dossier, mais seules 38 d’entre elles avaient été renvoyées devant le tribunal, dont trois sont décédées depuis. Les avocats de la défense qui s’étaient succédé à la barre avaient soutenu que leurs clients n’avaient pas connaissance de l’origine frauduleuse des fonds.
A l’inverse, le procureur avait estimé dans son réquisitoire, prononcé le 27 septembre, que les prévenus avaient « fermé les yeux » en dépit des avertissements qu’ils avaient pu recevoir de la part de leurs proches ou de leur banque. Des peines allant d’un mois de prison avec sursis à deux ans ferme avaient été requises.
Piégés par des emails et des redirections web
Deux techniques étaient utilisées par les instigateurs de cette escroquerie. La première, le « phishing », consistait à hameçonner les victimes en les incitant via des mails frauduleux à donner leurs coordonnées bancaires ou leurs identifiants de connexion sur internet. Ces informations confidentielles pouvaient également être captées par des programmes espions.
La seconde technique redirigeait les internautes qui se connectaient sur le site de leur banque sur des sites pirates, qui enregistraient les identifiants de connexion. Une centaine de victimes ont été recensées, pour un préjudice total de quelque 340.000 euros. L’enquête a permis d’éviter le détournement de 250.000 euros. Elle avait révélé que les organisateurs de cette escroquerie avaient mis en place 21 sociétés commerciales fictives qui assuraient les investissements nécessaires et des transferts de fonds provenant de clients imaginaires grâce à l’intervention des « mules ».
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