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Regatta, nouveau haut de gamme Unix chez IBM

Le eServer pSeries 690 joue la performance avec ses 32 processeurs Power4. IBM veut faire de ce serveur le concurrent des HP Superdome et Sun Fire 15K.

HP Superdome, Sun Fire 15K, IBM ” Regatta “eServer pSeries 690, telles sont désormais les forces en présence sur le segment très convoité ?” car très lucratif ?” des serveurs Unix SMP (Symmetric Multi Processor) haut de gamme. Mais IBM se démarque, en bien comme en mal, de ses deux concurrents avec une machine plus légère, puisqu’il s’agit d’un serveur 32 voies (contre 64 chez HP et 72/106 chez Sun), qui ne comporte pas d’options de partition physique.

Des puces formées de deux processeurs

Pour faire la différence, IBM mise d’abord sur les puces Power4, réellement novatrices. Outre une fréquence élevée (1,1 ou 1,3 GHz) due à l’alliance de technologies SoI/Cuivre, chacune de ces puces recourt au parallélisme SMP en hébergeant deux c?”urs de processeurs. Le cache de second niveau de 5,6 Mo (partagé entre les deux c?”urs) est intégré à la puce, ce qui permet des échanges à 125 Go/s. Le cache de niveau 3, de 128 Mo, est placé à l’extérieur du Power4.Si Sun dispose déjà avec MAJC d’une architecture similaire, IBM est le premier à l’implémenter au c?”ur d’un serveur d’entreprise haut de gamme. Au vu des premier tests, aucun concurrent ne pourra, à nombre de processeurs égal, s’aligner sur les performances des Regatta avant plusieurs mois. Ceci étant, puissance brute et puissance de traitement avec des applications réelles ne sont pas systématiquement synonymes.

Partitionnement logique sous AIX et Linux

IBM ne propose pas sur ce pSeries 690 de partitionnement physique, contrairement à ce qu’on trouve sur les Superdome et les Sun Fire 15K, mais seulement des options de partitionnement logique LPAR (voir encadré). Chaque pSeries 690 est divisible en 16 serveurs logiques pourvus de leurs propres ressources physiques (au minimum un processeur, 4 Go de mémoire vive, et éventuellement ses propres connecteurs PCI) et de leur propre copie de système d’exploitation. Il s’agira d’AIX 5L, ou, plus tard, de Linux, puisqu’IBM attend la disponibilité d’une distribution compatible LPAR d’ici la fin de l’année.Les fonctions de redimensionnement dynamique des partitions LPAR n’apparaîtront que l’année prochaine. Il en est de même des possibilités de créer des grappes de pSeries 690 atteignant jusqu’à 16 machines.

Mémoire Chipkill et bus surdimensionnés

Ce serveur présente par ailleurs des caractéristiques moins surprenantes. Chaque système de 32 processeurs peut recevoir un maximum de 256 Go de mémoire vive de type Chipkill ( mémoire exploitant les principes du RAID 5 et capable de corriger plusieurs erreurs intervenant durant le même cycle, alors que la mémoire ECC n’en corrige qu’une). Le bus entre les processeurs et la mémoire vive sert 200 Go/s en pointe. Le bus d’entrées-sorties système offre pour sa part une bande passante maximum de 16 Go/s et assure les communications avec 160 connecteurs PCI répartis sur 8 châssis. Enfin, les capacités de stockage interne sur disques durs sont de 4,6 To.Un des points les plus étonnants concernant cette machine est sans doute son prix : 450 000 dollars pour un modèle octoprocesseur de base, ce qui donne un des coûts prix/performance les moins élevés du marché. Ceci étant, le modèle 32 processeurs dépasse allègrement les 2 millions de dollars.

Guerre des systèmes, et des applications

Si Sun s’en prend à la suprématie d’IBM sur les mainframes, IBM avec ce Regatta s’en prend à la suprématie de Sun sur les systèmes Unix haut de gamme. La roue tourne, et la bataille se joue aussi à un autre niveau : aujourd’hui, l’environnement Solaris (l’Unix, de Sun) bénéficie d’un portefeuille applicatif très complet, particulièrement dans le domaine des technologies Web et Internet. IBM, à l’origine moins actif sur ce secteur, met les bouchées doubles pour refaire son retard, et multiplie les partenariats, que ce soit autour de ses bases de données DB/2 et IDS, ou autour de la famille applicative Websphere.

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Renaud Bonnet