On l’a dit, ressassé et à juste titre : le 11 septembre a fait basculer le monde dans un autre monde. Mais la vie reprenant ses droits, entreprises et consommateurs retrouvent aussi leurs bons vieux réflexes. Rassurant ? Pour les optimistes, peut-être. Car il s’agit de réflexes… de crise ! Les traders ont ainsi remisé rapidement leurs habits bleu horizon. Patriotisme et marchés financiers ne font pas bon ménage, mais on s’en doutait. Les golden boys sont revenus à leur raison d’être : vendre (et acheter) des actions en fonction de l’humeur conjoncturelle et des soldes du moment.L’investissement est facteur de confiance, pas de volonté. De même pour les consommateurs : pourquoi hanter les grands magasins lorsqu’on ne parle que de plans sociaux ? Dépenser se conjugue au présent et au futur. Les patrons ne pensent pas autrement. Le frein est mis sur le développement et priorité est donnée aux investissements dans la sécurité au détriment de la productivité. Même l’État joue sa partition. Martial d’un côté, néo-keynesien de l’autre. À lui l’honneur de la patrie et la relance économique. Autant de ” déjà vu ” comme on dit aux États-Unis.Reste le réflexe sécuritaire, le plus préoccupant des comportements de crise, en particulier dans le domaine technologique. D’abord par la difficulté d’exercer un contrôle sur l’action réelle d’un État dans ce secteur. Ensuite, parce qu’à force d’avoir crié au loup, les médias ont discrédité l’idée que tel ou tel logiciel, comme Carnivore, pouvait effectivement représenter une menace pour les libertés individuelles. Enfin, parce que les technologies de l’information ne cessent de prendre de l’ampleur dans notre vie privée comme dans notre vie professionnelle. Or, ainsi que l’on a pu le constater sur le Vieux Continent, que ce soit lors des ” années de plomb ” en Italie ou dans l’Hexagone lors des attentats islamistes, la définition d’une mesure d’exception est sa pérennité une fois la crise passée.
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