Mais qu’est-ce qu’ils ont les Français à toujours vouloir croire à l’homme providentiel ? Que ce soit en politique ou en business, on attend tout du big boss. On a beau leur répéter qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, rien n’y fait : le député condamné pour abus de biens sociaux est réélu par les citoyens qu’il a grugés (bravo les Levalloisiens !), tandis qu’on loue volontiers l’expertise du PDG viré pour opérations hasardeuses. Si le plus grand patron de tous les temps, Jack Welsh, ex-GE, est rattrapé, c’est dans sa retraite et pour quelques misérables avantages en nature non rendus. Et le dernier animateur télé à la mode, c’est Tapie, au casier long comme la feuille de paie de Messier. Le pire, c’est quand Fourtou prend la place de Messier : il fait exactement l’inverse de son prédécesseur et tout le monde trouve ça bien. Messier achète un éditeur américain, Fourtou le vend ; Messier veut garder l’environnement, Fourtou n’en veut plus, etc. Fourtou, il porte bien son nom, c’est moi qui vous le dis. Il y a bien longtemps pourtant qu’un grand prof d’économie, Henry Mintzberg, avertissait : “Hier, les managers ne faisaient que manager l’entreprise, les leaders la dirigeaient ; aujourd’hui, les leaders ne font que la diriger, les héros la sauvent ; demain les héros ne feront que la sauver et les dieux en seront les rédempteurs.” Ce sont des dieux que les hommes veulent et leurs idoles ne sont que des fétus de paille. Et, au-dessus des dieux, encore plus forts qu’eux, qu’y a-t-il ? Je vais vous le dire, moi : il n’y a rien, rien qu’un grand miroir qui nous renvoie l’image d’un monde déboussolé. Et après ? La rédemption ne viendra pas d’un seul homme mais ce sont des groupes de gens qu’il va falloir préempter. En sy mettant à plusieurs, peut-être prendront-ils des décisions plus intelligentes ? Oui, peut-être…
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