Jusqu’au dimanche 5 juin, Paris fait figure de capitale européenne de la recherche. La ville accueille au Parc des expositions de la Porte de Versailles la première édition du
Salon européen de la recherche et de l’innovation. Cette manifestation est une initiative privée menée, entre autres, par l’astrophysicien Jean Audouze et l’avocat François-Denis
Poitrinal.‘ C’est un salon avant tout destiné au grand public, précise ce dernier. Dans notre monde occidental, la recherche est restée nichée dans un cocon. Notre but, avec ce salon, est de la remettre
au c?”ur de la société, de la vie quotidienne. Nous voulons que les gens se rendent compte, par exemple, la somme de recherches qu’embarque une voiture. ‘Le salon se veut aussi varié que possible, au risque de paraître un peu fourre-tout par moments. Sur place, les visiteurs sont invités à se familiariser avec des avancées scientifiques aussi différentes que la pile à combustible, la
télévision haute définition, les drones ou encore la biorobotique, en passant par les aspirateurs téléguidés. Et ce par le biais de maquettes, de démonstrations ou même de quizz.Pendant trois jours, une centaine de conférences brassent des thèmes éclectiques (‘ Einstein aujourd’hui ‘, ‘ les nanotechnologies ‘, ‘ la sûreté
alimentaire ‘, ‘ la cryptographie ‘, ‘ le verre ‘, ‘ la politique industrielle de l’innovation ‘, etc). Les organisateurs espèrent attirer 25 à
30 000 personnes pour cette première. La prochaine édition est déjà programmée du 9 au 11 juin 2006, avec en principe la présence de plusieurs pays européens (seule la Hongrie est invitée cette année).
Combler le fossé entre laboratoires et entreprises
La liste des exposants montre l’ambition des organisateurs de tendre des ponts entre l’univers des chercheurs et ceux des industriels et des investisseurs. Ces derniers cotoient des organismes célèbres ?” CNRS, CEA, Inra,
Inserm ?”, des universités (Lille, Montpellier, Cergy) et des entreprises comme Peugeot, Renault, Microsoft, Saint-Gobain ou encore Pierre Fabre. ‘ La recherche est au c?”ur de l’action du groupe. Nous y
consacrons chaque année 2,2 milliards d’euros, indique Marc Bocqué, porte-parole de Peugeot pour l’innovation et l’environnement. Nous travaillons avec de nombreux partenaires. Nous avons, par exemple, 15 projets
communs avec le CNRS concernant la combustion. ‘Mais dans l’ensemble, il reste beaucoup à faire pour améliorer le dialogue. ‘ Les grands organismes de recherche, nous les connaissons surtout comme clients, indique Emmanuel Leclerc, visiteur du salon
et représentant la société Quantel (qui fournit des applications laser au monde scientifique et industriel, comme un système de nettoyage au laser pour les bâtiments ou monuments publics). Je suis venu ici pour tenter de les connaître
mieux comme partenaires éventuels, pour nouer des contacts. Au sein des universités françaises et des laboratoires, on sent de plus en plus la volonté de se rapprocher du monde industriel, des entreprises. ‘‘ J’ai fait une partie de mes études en Suède, ajoute Franck Ruffier, en post-doctorat au CNRS et en passe d’y être recruté. Là-bas, on sent une plus grande imbrication entre le monde de la
recherche fondamentale et celui des entreprises. Les chercheurs ont des contacts plus poussés, plus fréquents. En France, c’est en train de changer, doucement. Mais il faudra du temps, on ne change pas comme ça une culture. ‘‘ Le dialogue entre laboratoires et entreprises n’est pas toujours simple, confirme Nadine Prat, professeur au sein du Laboratoire d’automatique de Besançon (une unité de recherche liée, entre autres,
au CNRS et à l’université de Besançon). Les industriels portent parfois un regard interrogateur sur le monde de la recherche fondamentale. Certains transferts de technologie se font plus rapidement que d’autres. Par exemple, les drones
trouvent rapidement une application dans le monde militaire ou dans celui de l’environnement. Pour d’autres inventions, il est bien difficile de savoir à quel terme elles connaîtront une application. ‘
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