Spider-Man, Men in black II, Harry Potter, Le Seigneur des anneaux, Gladiator, A.I. sont autant de films au générique desquels SGI, ex-Silicon Graphics, s’affiche. Il faut dire que les médias constituent l’une des cibles sur lesquelles le constructeur a décidé de se concentrer (15 % de son chiffre d’affaires aujourd’hui), au vu de ses difficultés à se maintenir sur le marché extrêmement concurrentiel des serveurs génériques. Il avait, en effet, dû mener, à la fin de 2001, une restructuration qui a réduit son effectif de 6 000 à 4 500 personnes, affectant surtout ses sites industriels. Le recentrage entamé à la suite de cela se poursuit encore avec, par exemple, le recrutement au comité de direction de personnalités issues de chez Sony ou du Département de la défense américain. Outre les médias, SGI a aussi jeté son dévolu sur la défense (24 % du chiffre d’affaires), ou encore l’industrie (26 %), les sciences (26 %) et l’énergie (9 %). Et pour mieux cibler ces marchés, il a définitivement abandonné les serveurs et stations généralistes au profit du haut de gamme. Performance du calcul scientifique, d’une part, et optimisation pour le traitement 3D et vidéo, de l’autre. Les experts s’accordent pour constater qu’il a sûrement fait le seul choix qui s’offrait à lui. Mais il leur semble impossible de prévoir si la firme survivra ou non, seule ou non.
SGI de plus en plus chahuté sur le très haut de gamme
C’est sans aucun doute dans le domaine du calcul scientifique que SGI doit faire face, aujourd’hui, à la plus rude concurrence. Car celui-ci suscite la convoitise de tous les grands constructeurs de serveurs. Chacun dispose désormais d’une machine, au moins, taillée pour répondre aux besoins de ce secteur : p690 chez IBM, Superdome chez HP et ?” depuis la fusion avec Compaq ?” SC45. Ce cluster d’Alphaservers quadriprocesseurs ES45 s’affiche, d’ailleurs, comme un sérieux challenger des serveurs SGI. Il s’est ainsi imposé à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), en mai 2001, face à un Origin de la série 3000, de SGI. Et ce, en remplacement d’un octoprocesseur Origin 2000. Le résultat des neuf benchmarks réalisés par le centre de Brest sur des applications de calcul parallèle, après compilation et optimisation du code source, a été sans équivoque : sur un, deux, quatre, huit, puis seize processeurs, le SC45 s’est avéré de deux à six fois plus rapide. De quoi préférer sa configuration à seize puces Alpha plutôt que les soixante-quatre processeurs Mips R14000 de l’Origin. “La parallélisation OpenMP (mémoire partagée) sur le serveur SGI ne présentait pratiquement plus d’intérêt en termes de performances au-delà de quatre processeurs”, explique Pierre Cotty, chef du service ressources informatiques et communications de l’Ifremer. En cause, donc, l’architecture Cache Coherent-Non Uniform Memory Access (CC-Numa) ?” pourtant fer de lance du constructeur ?” et son mode de partage de la mémoire. En utilisant la bibliothèque de passage de messages PVM (Parallel Virtual Machine) pour distribuer la mémoire sur ses différents n?”uds, le SC45 s’est montré beaucoup plus efficace. D’ailleurs, si au Centre informatique national de l’enseignement supérieur, c’est un Origin 3800 qui a remporté la compétition qui l’opposait à une machine Compaq, ce n’est pas grâce au mode de partage de la mémoire de CC-Numa. En effet, le serveur à 512 processeurs Mips R14000, acquis à la fin de 2001, s’appuie sur les bibliothèques OpenMP (Open Message Passing) et MPI (Message Passing Interface) pour distribuer la mémoire, comme sur le Compaq SC45 de l’Ifremer.
Une offre spécifique qui peut séduire
Néanmoins, SGI peut se targuer de ne pas être inquiété par la concurrence dans le domaine des solutions graphiques. “Nous donnons naissance à des dinosaures plus réalistes, plaisante Jan Silverman, vice-président marketing senior, pour expliquer les atouts de SGI dans le monde des médias. Aujourd’hui, beaucoup de choses sont possibles sur des machines de commodité sous Linux. C’est pourquoi, là encore, nous nous concentrons sur le très haut de gamme : des serveurs de vidéo et de télédiffusion, la télévision haute définition, les plateaux virtuels, etc.” Ainsi, France Télévision Publicité (FTP) a-t-il réussi une première en numérisant l’ensemble du processus de constitution des séquences de publicité à diffuser en télévision.La régie publicitaire transforme les spots de ses clients en fichiers numériques, les juxtapose, les ordonne, vérifie les séquences, les envoie à la chaîne, etc. Le tout en numérique. Le logiciel maison tourne sur un Mediaserver à base d’un quadriprocesseur Origin 200 et son backup, couplés à une configuration identique installée au siège de la chaîne. Outre les performances, c’est la spécificité de l’offre qui a séduit FTP, plus qu’une carte vidéo dans un serveur. Christophe Scherrer, directeur technique et informatique, a aussi apprécié les services. Lors d’une visite aux Etats-Unis, il a obtenu l’adaptation des panneaux arrière des serveurs. D’autre part, SGI a fourni et réalisé l’intégration d’un robot Sony Petasite de stockage de cassettes numériques dans sa configuration.
L’atout de centres de réalité virtuelle
SGI s’est concentré sur les technologies qui faisaient déjà sa force dans le graphisme. Résultat ultime, le Visual Area Networking lancé en début d’année. Ce package optimisé est constitué du logiciel Open GL VizServer, de serveurs Onyx 3000 ou 300 et de stations de travail Fuel. Chaque utilisateur travaille en visualisation sur sa station, seul ou en mode collaboratif. Les données sont centralisées et compressées, puis décompressées sur le poste, et les traitements restent sur les serveurs. OpenGL VizServer permet ainsi de travailler à distance en visualisation sur des serveurs de traitement massif de données graphiques. Il s’appuie sur le standard graphique initié par SGI et largement utilisé : OpenGL, une bibliothèque d’API graphiques 2D et 3D qui utilise le système d’affichage déporté X-Window. SGI a conçu ses logiciels pour qu’ils tirent le meilleur parti de ses serveurs Onyx. A base d’Origin, ceux-ci sont dotés de sous-systèmes graphiques 2D et 3D de très haut niveau.Au sommet de la gamme, la famille Onyx 3000 et son sous-système graphique Infiniteperformance qui s’appuie sur un, voire deux, sous-systèmes graphiques du même nom et un module Scalable Graphics Compositor. Chaque sous-système débite 17,7 millions de triangles/seconde et 484 millions de pixels/seconde en performance soutenue. Sur ses 128 Mo de mémoire, 104 sont réservés au traitement des textures.Le module Scalable Graphics Compositor, lui, combine les deux ou quatre sorties vidéos numériques des moteurs graphiques pour créer un seul signal de sortie, analogique ou numérique. Ces machines sont derrière les centres de réalité virtuels que SGI est le seul à proposer et qui séduisent beaucoup l’industrie automobile pour ses crash tests. En entrée de gamme, les Onyx 300 se contentent des sous-systèmes Infinitereality3 et de leurs quatre processeurs de calcul d’image. Transformations géométriques et fonctions de traitement d’image sont au programme. Les données qui en résultent sont transformées en images numériques par un à quatre Raster Manager, elles-mêmes converties en vidéo numérique ou analogique d’une définition maximale de plus de huit millions de pixels par moteur Infinitereality3. Ces environnements ont de quoi séduire les industriels, mais aussi le cinéma et la télévision, même si c’est un cluster Linux qui a aidé Le Titanic à couler sur nos écrans.
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