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Réalité virtuelle, réalité augmentée : les grands projets d’avenir de Google

Montée en puissance de Daydream, retour en force de Tango et annonce d’un casque de réalité virtuelle autonome : le géant du web a fait de ce qu’il appelle « l’informatique immersive » un des grands thèmes de la Google I/O cette année. Mais de son aveu même, le chemin sera encore long avant que ces technologies n’atteignent massivement le grand public.

On l’a vite compris en se baladant dans les allées de la conférence I/O : Google a de grandes ambitions en matière de réalité virtuelle et de réalité augmentée. A tel point qu’il a même décidé de consacrer la grande keynote du deuxième jour à ses projets en matière « d’informatique immersive ». Car c’est sous ce nom que l’on regroupe ces deux technos du côté de Mountain View. 

On a appris beaucoup de choses à cette session. Clay Bavor, vice-président en charge de la VR et de l’AR, est bien entendu revenu sur le casque autonome annoncé précédemment ainsi que sur les avancées de Tango, sa techno maison pour la réalité augmentée. Google a également détaillé les nouveautés de sa plate-forme de réalité virtuelle mobile Daydream (nom de code Euphrates). Avec l’arrivée d’une version complète de Chrome dès cet été dans Daydream, vous pourrez consulter -si le coeur vous en dit- tous les sites que vous désirez en immersion totale… ou profiter des pages animées par WebVR.

L’annonce la plus bluffante ? Seurat, une technologie encore bien mystérieuse avec laquelle Google promet des rendus graphiques quasi-photoréalistes en temps réel… avec un simple circuit graphique mobile. On vous laisse découvrir la reconstruction alléchante de cette scène de Star Wars : Rogue One, créée avec Seurat par ILMxLAB -filiale de Lucasfilm- pour vous faire une idée. 

La magie de Seurat réside dans la combinaison de rendus 3D d’une scène pour ne présenter que les perspectives visibles par celui qui visite le monde virtuel. Une série d’astuces techniques pour soulager grandement le travail du processeur, selon Google… qui en dira davantage sur cette technologie dans les mois qui viennent. Le résultat semble en tout cas probant.

Un casque autonome moins performant que le Vive

Reste que les démos proposées aux visiteurs de la Google I/O étaient bien loin de la claque galactique distribuée lors de la keynote matinale. Dans l’espace consacré à « l’informatique immersive », il fallait se contenter de jeux aux graphismes simplistes sur Daydream… ou de quelques expériences en AR menées grâce au nouveau smartphone Tango d’Asus et son triple capteur d’images, dont un capteur de profondeur. Des expériences qui n’apportaient pas grand chose à ce qu’avait montré Google au Mobile World Congress, il y a plus d’un an, avec un appareil bien plus massif cependant. 

Le fameux casque VR autonome, lui, était aux abonnés absents. Mais à en croire Clay Bavor, rencontré en marge de la conférence, il ne faut pas s’attendre à une expérience aussi complète que ce que propose le Vive ou l’Oculus Rift. Worldsense, la technologie qui permet au casque de se passer d’encombrants capteurs externes, n’est en effet pas en mesure d’offrir pour l’instant la même immersion. Il faudra notamment se contenter d’un simple pointeur -strictement identique à celui du Daydream View- qui n’offre qu’une captation basique des mouvements de la main. « Une expérience comme Google Tilt Brush (un logiciel de dessin génial, utilisant la manette du Vive comme pinceau, NDR) ne sera pas disponible sur ces casques » nous a confirmé Clay Bavor. C’est pourtant cela qui, à nos yeux, offre le meilleur sentiment d’immersion dans un univers virtuel. 

Pour autant, les casques Daydream ne seront a priori pas donnés : toujours d’après M. Bavor, il faudra tabler sur un prix comparable aux engins d’HTC ou d’Oculus, combien même « vous n’aurez pas à investir dans un puissant PC en plus » a-t-il rappelé. Autrement dit, il faudra peut-être dépenser quelques 600 euros (prix d’un Oculus Rift sans ses manettes) pour s’équiper d’un Daydream autonome… 

Une stratégie à long terme pour éviter le flop

Trop cher ? Dans un premier temps, sans doute. Mais Google a choisi de prendre son temps, d’y aller pas à pas, afin d’éviter de tuer dans l’oeuf une technologie à laquelle il croit pourtant dur comme fer. Dans un manifeste publié sur Medium à l’occasion de Google I/O, Clay Bavor fait ainsi le point sur l’état de la VR et tente de cette manière de faire taire les Cassandre qui voient déjà en cette informatique immersive un flop aussi retentissant que celui de la télé 3D. 

Il compare ainsi les casques VR actuels aux portables préhistoriques : « Le premier téléphone mobile, le DynaTAC 8000X, a été lancé en 1984 » écrit-il. « Comme nous en sommes à la première génération d’appareils d’informatique immersive, il est plus approprié de les comparer aux téléphones mobiles des années 80 qu’à quoi que ce soit d’autre commercialisé durant la dernière décennie » Comme l’iPhone, par exemple, qui a bouleversé le marché du mobile et initié en quelques mois une véritable révolution d’usages.

Clay Bavor enchaîne ensuite par un inventaire complet des technologies à améliorer pour faire de ces wearables des machines tout à fait convaincantes. Et la liste est interminable : « tout derrière ces expériences doit s’améliorer : les écrans, l’optique, le tracking, l’entrée, les GPU, les capteurs et bien d’autres choses. » Avant de rappeler : « aussi avancés qu’ils puissent paraître, les appareils d’AR et de VR actuels sont fabriqués avec des composants de smartphone réutilisés. C’est comme si nous fabriquions des avions avec des morceaux de vélo et de voiture. »

Mais il prédit aussi que demain, tous ces composants évolueront pour être conçus spécifiquement avec l’informatique immersive en tête. «Cela ne se fera pas en une nuit, mais cela arrivera. Et cela changera la façon dont on travaille, joue, vit et apprend.»

Autant dire que la killer app, celle qui rendra AR et VR irrésistibles, n’est pas pour demain. D’autres, comme Facebook avec Oculus ou Microsoft avec Hololens, font des paris bien plus osés. Du côté de chez Google, on préfère cette fois faire preuve d’une extrême prudence…

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Eric LB, à Mountain View