Mettre une tasse sur une table. C’est l’une des grandes promesses de l’année pour Apple, à ceci près que la tasse est virtuelle et la table réelle. Lors de la WWDC 2017, l’entreprise a lancé ARKit, un ensemble d’outils à destination des développeurs.
Ces derniers pourront mieux tirer partie des composants de l’iPhone pour lancer des applications de réalité augmentée. Une première, du moins sous iOS. Depuis de longs mois, Google travaille avec plusieurs fabricants pour déployer son projet analogue, baptisé Tango.
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Un marché incomparable
Du côté d’Android, un unique modèle est disponible à la vente : le très confidentiel Lenovo Phab 2 Pro. Un autre appareil a été annoncé par Asus en début d’année et devrait arriver sur le marché américain en juillet.
Pour l’heure, la réalité augmentée est bien plus augmentée que réalité. Dans le monde, seule une poignée d’utilisateurs de Tango profitent du peu d’applications disponibles. En annonçant un kit de développement pour iOS, Apple peut frapper beaucoup plus fort.
Il y a un an, les cadres de la firme californienne ont constaté l’engouement mondial autour de Pokémon Go, premier grand succès basé sur la réalité augmentée. Durant sa conférence, le fabricant a précisé miser sur tous ses appareils mobiles. En plus des iPad, ce sont près de 80 millions d’iPhone vendus tous les trois mois qui pourront profiter de ces nouveaux contenus.
Du côté des développeurs, la création d’une application en réalité augmentée peut désormais se faire pour Android ou iOS. Dans le premier cas, le marché se résume à quelques milliers d’appareils. Dans le second cas, l’investissement en concerne des centaines de millions. En l’état, le choix des développeurs sera vite fait.
Double fragmentation
Face à Apple, Google est freiné par une double fragmentation. La première est logicielle, avec un déploiement d’Android qui se fait au compte-gouttes – comme s’en est délecté Tim Cook lors de la conférence de ce 5 juin. Avec la réalité augmentée, la faiblesse originelle d’Android est complétée par une fragmentation matérielle. Avec Tango, les smartphones doivent embarquer leur lot de capteurs – disgracieux – pour proposer une expérience convaincante. Du côté d’Apple, il n’en est rien.
En mentionnant le déploiement de la réalité augmentée, l’entreprise a évoqué les iPhone et les iPad. C’est d’ailleurs avec l’une de ses tablettes qu’une présentation a mis en scène un village miniature (virtuel) sur une table (réelle) bombardé par des aéronefs (virtuels). Dans les deux cas, ces produits ne disposent d’aucun capteur spécifique à la réalité augmentée. Chez Apple, n’importe quel appareil mobile peut en profiter grâce à son appareil photo, sa puissance de calcul et une technologie baptisée Visual Inertial Odometry.
Cette dernière fusionne les données perçues par l’appareil photo et les informations gérées par CoreMotion, qui centralise les datas provenant des accéléromètres, gyroscopes, magnétomètres et autres baromètres intégrés aux iDevices. Autrement dit, la réalité augmentée n’est qu’une évolution logicielle. Une brique qui se surajoute à ce qui a été construit jusqu’à présent.
Pour le moment, Apple n’a impressionné qu’une poignée de développeurs et de journalistes spécialisés. Mais il paraît clair que la société de Cupertino met tout son poids dans cette aventure et prépare la suite, la réalité augmentée qui se passera de smartphone et bénéficiera de produits dédiés.
Il reste encore du chemin à parcourir avant des lunettes signées Apple ou l’arrivée d’une section dédiée à la réalité augmentée dans son App Store flambant neuf. Il reste aussi beaucoup de questions. Apple parviendra-t-il à proposer une expérience fiable sans la moindre évolution matérielle ? Une segmentation sera-t-elle faite entre les utilisateurs d’un smartphone avec double capteur et les autres ? Avons nous vraiment besoin de tasses virtuelles ?
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