Hier, un collègue me conseille de jeter un coup d’oeil sur le site www.vertu.com. Surprise : dès l’affichage de la moindre page d’accueil, un formulaire m’invite à décliner mon identité et mon adresse électronique. Et d’ailleurs que propose ce site ? Des arrosoirs ? Des voyages au Népal ? Des boulons de 8 ? Aucune indication : le site est encore en construction…En d’autres termes, on vient de me demander de montrer patte blanche pour accéder à… rien.L’exemple est caricatural, bien sûr. Mais il est révélateur d’une sale coutume en train d’envahir les sites : tout visiteur doit devenir un client ou au moins un prospect. C’est là une dérive regrettable.Après tout, les internautes occasionnels n’ont peut-être pas envie de laisser leur adresse e-mail. Car, s’ils n’y prennent pas garde, cette dernière, une fois collectée dans une base de données, sera revendue à d’innombrables marchands et fera exploser leur boîte aux lettres.Gros malin, me direz-vous : il suffit de donner un nom bidon comme [email protected]’accord… mais cela ne marche pas toujours. D’abord parce que les robots chargés de collecter les adresses vérifient illico leur validité, sinon leur existence. En me présentant comme [email protected], je recevrai de suite un message narquois du genre : “Etes-vous sûr que Tagada est bien un prestataire Internet ?” (heureusement, le robot ne connaît pas les fraises Tagada, ma supercherie serait alors trop voyante).D’autres concepteurs de sites, plus malins, ont trouvé la parade pour bloquer les ” adresses bidons “. Les services qu’ils proposent ne sont accessibles à l’internaute que lorsque ce dernier a saisi un mot de passe… Et comment le client obtient-il ce mot de passe ? Tout simplement en recevant un e-mail qui lui est envoyé par le site en question. Bien obligé, dans ce cas, de donner sa véritable adresse.C’est également le principe des sites de jeux : l’internaute ne reçoit ses éventuels gains que par courrier électronique. On peut être sûr, alors, que cette adresse sera la bonne.Certains, enfin, adoptent une démarche différente. Ainsi, sur le site de Darty, la fenêtre donnant les coordonnées des différents magasins ne s’affiche que si votre navigateur Internet accepte les cookies. Moins brutal, le site de la Fnac vous ouvre une fenêtre, si vous avez désactivé les cookies, pour vous expliquer comme c’est dommage pour vous (et pour la Fnac, mais cela, on ne le dit pas…).Certes, vous pouvez les activer, puis les effacer une fois que vous avez obtenu votre renseignement. Mais combien d’internautes savent seulement où se trouvent ces petits fichiers ? Dans ces conditions, et vu le prix auquel mes coordonnées seront revendues, je pense que le terme de ” services gratuits ” est plus que discutable.On avait bien compris que l’Internet gratuit était une espèce en voie de disparition. En sera-t-il ainsi de l’espace de liberté du Web, mangé par les marchands ?
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