C’est une véritable tornade qui vient d’emporter les sites français d’achat groupé. Dernier en date, Clust.com n’a pas été épargné malgré ses trophées. Mais maintenant que les jeux sont faits, nombreux sont ceux qui dénigrent aujourd’hui ses créateurs. Je suis certain que très peu de ces détracteurs connaîtront jamais le frisson de la success story. Car pour cela, il faut avoir l’étoffe d’un héros. Lorsqu’on connaît les frères Palix, les critiques concernant leurs compétences de managers n’ont pas de sens. Ce sont des gens qui ont une longueur d’avance, qui travaillent sur internet depuis plus longtemps que la plupart d’entre nous, et qui ont énormément de talent.Aujourd’hui, on assiste à un lynchage, où les envieux et les perdants de la Bourse déversent leur venin sur une proie facile. Des donneurs de conseils parlent d’un retour aux fondamentaux économiques, d’erreurs de management, ou d’absence de rentabilité. De qui se moque-t-on ? Multimania a-t-il eu besoin d’être rentable pour se faire racheter ? WineandCo est-il bénéficiaire ? Les sites web des grandes entreprises sont-ils rentables ? Non. Alors, pourquoi attribue-t-on l’échec de Clust à son manque de rentabilité onze mois après sa création ? Il y a comme des relents d’obscurantisme dans les critiques d’aujourd’hui. C’est triste pour la deuxième époque de la nouvelle économie.Je me permettrai de rappeler la source principale de l’échec de Clust. Ce dernier, tout comme de nombreux sites B to C d’e-commerce ou de services, avait un point mort éloigné dans le temps. Cela impliquait un soutien important des marchés financiers dans un premier temps. Si le krach avait eu lieu en septembre, et non en mars-avril, Clust vivrait toujours, et il aurait probablement étendu ses activités. Tout le monde serait encore incrédule, mais envieux du succès des frères Palix. Ils ont eu une idée brillante – et nous n’avons vu que la partie émergée de leur vision – et ont pris des risques. Ce sont les conditions sine qua non à réunir pour réussir un projet d’entreprise, ancienne ou nouvelle économie.Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi créer une équipe. Ils en ont constitué une avec des gens brillants. Il faut créer une offre commerciale. L’intérêt suscité par leur offre a été énorme. Et il tend à démontrer que cette dernière n’était pas absurde. La première semaine, Clust vendait déjà pour 1 million de francs. Il faut se faire connaître : la notoriété qu’ils ont acquise en trois mois prouve qu’ils ont, là encore, réussi mieux qu’aucun d’entre nous n’aurait pu le faire. Il faut trouver le fuel de la machine : ils ont réalisé l’une des plus belles levées de fonds de l’année 1999. Il faut avoir de la chance. Cette dernière les a abandonnés en cours de route : la Bourse s’est écroulée trois mois trop tôt. Il faut aussi savoir encaisser les échecs et rebondir. Les connaissant, je sais qu’ils trouveront bientôt une nouvelle aventure. Rappelons-nous que, à la guerre, ce ne sont pas les généraux vainqueurs signant les traités de paix qui sont les héros, mais ceux qui se sont battus avec panache. Ce sont ceux qui ont su inspirer les autres et ouvrir de nouvelles voies. Ce sont des frères Palix.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.