Rafi Haladjian est le fondateur de la société Ozone, fournisseur d’accès à Internet par Wi-Fi sur Paris.01 Réseaux : Câble, dégroupage, fibre optique… que manque-t-il encore aux Parisiens ?
Rafi Haladjian : Le marché parisien de l’Internet immobilier est d’ores et déjà saturé. C’est donc faire preuve de myopie que de vouloir y apporter toujours plus de haut débit. Pour quoi faire ?
Pour regarder la télévision plus longtemps ? La consommation télévisuelle n’est pas extensible à l’infini. Où est la nouveauté de la TV sur ADSL ? La TV à la demande en est peut?”être une. Mais pas le quadruple
play (avec la mobilité en MVNO), qui n’apporte qu’une convergence de la facture. Je trouve dérisoire de faire tant d’investissements pour seulement un peu plus de confort télévisuel.Qu’apporte alors votre réseau Wi-Fi Ozone ?
Nous préparons l’après-ADSL. Nous voulons connecter des gens, des objets, et non pas des lieux. Nous ne nous positionnons donc pas sur le marché du haut-débit, mais sur les nouveaux usages. Quand on passe la porte de chez soi, on
n’a plus rien, ou alors c’est hors de prix. Le monde extérieur est mal desservi par les opérateurs mobiles. Ils veulent tout contrôler à des prix prohibitifs. Leur 3G n’a rien à voir avec Internet. Les MVNO ne créent aucun usage
nouveau. La révolution reste à faire hors de la maison.Sur quels nouveaux usages misez-vous ?
Nous misons sur des applications ‘ tueuses ‘, que les opérateurs ADSL ou mobiles n’inventeront jamais, à l’exemple du peer to peer, qui a fait décoller l’ADSL, ou de la
téléphonie Skype. Ces applications viendront des geeks, ces fous d’informatique, comme toutes les grandes innovations qui ont fait Internet. Elles se développeront autour des nouveaux terminaux Wi-Fi, que tous les grands
constructeurs sont sur le point d’introduire : les autoradios Wi-Fi, les consoles de jeux Wi-Fi, les Walkmans Wi-Fi, les téléphones Wi-Fi ou GSM/Wi-Fi… Déjà Sony et Nintendo réservent des capacités sur les hot
spots des restaurants McDonald’s. C’est pour ces nouveaux équipements que nous construisons notre réseau.
Je crois également beaucoup aux applications B2B du Wi-Fi et au machine to machine sur Wi-Fi, notamment quand il nécessite des capacités supérieures à celles qu’offrent les SMS ou le GPRS. Mais notre vraie
killer application, ce sera la téléphonie mobile sur Wi-Fi. Elle peut venir plus vite que prévu. Skype est déjà la première demande de nos abonnés. Dans deux ou trois ans, tous les adeptes du Wi-Fi l’auront. Pour tous les
opérateurs, qu’ils soient fixes ou mobiles, il y a déjà péril en la demeure.Où en êtes?”vous de vos déploiements ?
Nous couvrons maintenant 30 % de Paris intramuros, principalement les 3e, 5e, 6e, 9e, 11e, 13e,
17e et 18e arrondissements, pour quelque 2 200 abonnés payants. Notre couverture est encore discontinue, mais entièrement réalisée en fonds propres. En Wi-Fi, il n’y aura rien de massif
avant 2008. Ces chiffres paraîtront sans doute modestes. Mais la première année, mon ancienne activité, FranceNet, ne dépassait pas non plus les 300 clients, face aux 17 millions d’abonnés du Minitel.Nous assemblons nous-mêmes nos antennes, à partir de composants achetés, et nous y ajoutons une couche logicielle qui nous est propre. Notre Wi-Fi est authentique, 100 % compatible avec tous les équipements Wi-Fi du marché.
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