Résumé des chapitres précédents : Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne du groupe Euryx-Bartabas. Une promotion semée d’embûches. Car de cet univers, si différent de celui qu’Arzel a connu comme chef du contentieux, il lui faut maîtriser le langage.Sur le point de quitter Arzel, Gaëtan lui fit la confidence : Martigny l’avait prié de finaliser son propre plan de reconquête du marché. Le chef de la direction clientèle l’exposerait devant le directoire, convaincu qu’il serait préféré à celui qu’élaboraient Arzel et Niak. Décidément, le revirement de Martigny en faveur de Gaëtan dissimulait une indulgence pas très net.Gaëtan gagnait l’ascenseur. Arzel se mit à le siffler. Il se figea, tourna la tête. Visage fermé, poings serrés, il revint sur ses pas. Pointant le fond d’écran, Arzel libéra sa colère : “Afficher Jennifer Lopez sur ton écran ! Si tu crois que ça te rend irrésistible auprès des filles de la plateforme, tu te plantes. T’es touché par le retour d’âge, ma parole ! “Gaëtan avait le regard abattu du quidam dont le tapage nocturne se termine au pied d’une cour d’assises. Il haussa les épaules : “Qu’est-ce que tu me chantes ? J’suis incapable de modifier mon fond d’écran… La Lucifer Lopez, dont tu causes, je la connais pas. Qui c’est ? Une championne de tennis ? Une cantatrice porno ? Une bière mexicaine ? Explique-toi…“Arzel baissa les yeux vers le clavier. Gaëtan se tenait à son côté. Face au moniteur, indifférent à l’intrusion de Ludovic Martigny, il s’écria : “Merde ! Mon bateau, Il Moro di Venezia, a disparu. Arzel, c’est toi qui as saqué le schooner de mon screensaver ! Toi qui avais scanné la photo prise lors de la victoire contre New Zealand ! Toi qui m’as collé cette pin-up !” Martigny se pinçait les lèvres. La futilité du propos le décontenançait. Arzel avait compris que Gaëtan était hors de cause. Il soupira :”Okay, Gaëtan ! Tu y es pour rien. Quant à moi, j’aurais pas idée de trafiquer ton poste de travail !
?”J’espère bien, fit Martigny. Parce que moi aussi j’ai été victime d’un sabotage : mon écran s’affiche à l’envers. Je ne peux plus activer les fenêtres. La barre des tâches a disparu. C’est quoi ce binnss ? Il s’est passé quelque chose cette nuit, ou…“Martigny n’alla pas plus loin. Marie-Rachel venait de pénétrer dans le bureau : “Je ne peux plus ouvrir ma messagerie. Une vingtaine de clients ne peuvent plus accéder à leurs comptes. J’ai consulté Wang, de la télé assistance. D’après lui, le site a été piraté pendant la nuit. “Arzel hocha la tête. Il avait lancé son PC dans l’intervalle. Sur son écran incontrôlable défilaient les mots suivants :
“C’est notre monde, maintenant… Le monde de l’électron et de l’interrupteur, la beauté du baud. Nous utilisons un service déjà existant, sans payer ce qui pourrait être bon marché si ce n’était la propriété de gloutons profiteurs. ET VOUS NOUS APPELEZ CRIMINELS. Nous explorons, ET VOUS NOUS APPELEZ CRIMINELS […] Vous financez les guerres, vous ne punissez pas les patrons de la mafia aux riches avocats, vous assassinez et vous trichez, vous manipulez et vous nous mentez en essayant de nous faire croire que c’est pour notre bien. ET NOUS SOMMES ENCORE DES CRIMINELS. Oui je suis un criminel. Mon crime est celui de juger les gens d’après ce qu’ils disent, et non pas d’après leur apparence. JE SUIS UN HACKER. Et ceci est mon manifeste. Vous pouvez arrêter cet individu, mais vous ne pouvez pas tous nous arrêter… Après tout, nous sommes tous les mêmes. CYBERIUS IMPRECATOR. “
La semaine prochaine : ” Un parachute directoire “
*écrivain. Journaliste, ancien éditeur. Dernier ouvrage paru : “Caïn et Abel avaient un frère” (L’Olivier Édition).
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