Résumé des chapitres précédents :
Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne du groupe Euryx-Bartabas. Une promotion semée d’embûches. Car de cet univers, si différent de celui qu’Arzel a connu comme chef du contentieux, il lui faut maîtriser le langage.Gaëtan avait mis le doigt sur un vrai problème : la facturation des appels des clients de Prestibank, quand la plupart des établissements concurrents garantissaient la gratuité. Elle avait été réclamée à la suite d’un audit du contrôle de gestion et d’une recommandation de la direction financière. Niak, du marketing, s’y était opposé. Mais le directoire du groupe Euryx-Bartabas ayant promis que Prestibank serait la première banque en ligne à dégager un bénéfice d’exploitation, Niak avait dû s’incliner : l’heure était à l’optimisation des coûts. Le traitement par téléphone consommait dix fois plus de ressources que les ordres passés sur l’extranet.Seule la première base de la clientèle de Prestibank continuait de jouir de la gratuité. Pas plus que Niak, la responsable du centre d’appels n’avait approuvé le principe de la facturation. Marie-Rachel l’avait accueillie d’autant plus mal qu’elle n’avait pas été entendue dans cette affaire. Son employeur lui avait pourtant juré qu’elle serait étroitement associée au développement de la banque en ligne. C’était d’autant plus désolant qu’elle n’avait rejoint Prestibank que par accident, et nullement par appât du gain.C’est ce qu’avaient appris Arzel et Gaëtan au fil des confidences échangées avec Marie-Rachel lorsqu’ils se retrouvaient à griller une cigarette dans l’espace fumeurs.Après sept années passées à Texplace, un complexe de télémarketing en batterie de 2 000 mètres carrés à Poitiers, cette pure Parisienne avait dérouté mari, enfants et collaborateurs, du jour où elle avait décidé de rebrousser chemin, au risque de régresser dans la carrière. Télévendeuse, chargée de clientèle, elle avait progressé de palier en palier, jusqu’à passer responsable de programme. Son relationnel, sa capacité d’adaptation, sa discrétion (vertu cardinale en province) faisaient l’admiration de bas en haut.On l’appelait ” la fée “. Les syndicalistes et délégués du personnel la respectaient, à l’exception d’une représentante de la CGT dont la hargne ne trompait personne ?” cette dernière lui enviait une féminité et une élégance qui lui ferait toujours défaut, quand bien même les patrons, capitalistes et spéculateurs, se balanceraient tous au bout d’une corde au lendemain du ” grand soir “.Désormais à la tête d’une quinzaine d’équipes, devenue la confidente de la directrice opérationnelle, Marie-Rachel jouissait d’une autorité qui la destinait à diriger les quatre cents collaborateurs de Texplace quand une succession d’événements familiaux avait tout compromis. Elle avait perdu son père, lequel s’était plaint souvent de leur éloignement. Comble du remords : Marie-Rachel n’avait pu être à son chevet aux derniers jours de l’agonie. Puis, la mère de Marie-Rachel entamait son sixième mois de veuvage quand elle avait menacé de quitter Meudon. Elle disait être attendue dans une maison médicalisée. Une co-équipière de son cercle de bridge l’y avait précédée.La fille l’avait priée de venir s’installer dans la campagne poitevine. Faute d’avoir pu faire revenir sa mère sur sa décision, Marie-Rachel avait accepté de s’en rapprocher dans les meilleurs délais. Il se trouvait qu’un cabinet de recrutement avait failli débaucher la directrice opérationnelle de Texplace quelques semaines plus tôt. Cette dernière lavait orienté vers sa dauphine. Et voilà comment Marie-Rachel était passée du télémarketing en vrac au télémarketing bancaire.
La semaine prochaine : The plan
*journaliste, écrivain, ancien éditeur. Dernier ouvrage paru : “Caïn et Abel avaient un frère” (L’Olivier Édition).
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.