Résumé des chapitres précédents :
Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne du groupe Euryx-Bartabas. Une promotion semée d’embûches. Car de cet univers, si différent de celui qu’Arzel a connu comme chef du contentieux, il lui faut maîtriser le langage.Le taux alarmant des appels perdus ne méritait pas une commission d’enquête. Ludovic Martigny en avait convaincu la direction générale de Prestibank. En échange, il leur avait soumis une proposition positive : la création d’une ” cellule de débordement “.Une solution cache misère, en réalité, car l’effectif de la cellule en question s’élèverait à une personne. Elle mobiliserait le seul Gaëtan. Martigny avait voulu argumenter, mais on lui avait fait sentir que ça n’était pas nécessaire. Le directeur clientèle ne s’était pas attendu à une approbation aussi prompte. Lui avait-on tendu un piège ? Il ruminait sa perplexité quand Arzel Serisy trouva le moyen de la dissiper. Son subordonné lui expliqua dans quel contexte favorable le directeur général de Prestibank avait accueilli l’expression ” débordement “. Il est vrai que la maison de maître du DG était battue depuis des semaines par les eaux de la Somme en crue, et qu’il avait lui-même quotidiennement au téléphone un responsable de la ” cellule de débordement ” mise en place par la préfecture.Martigny s’interrogea sur l’origine des informations dont disposait Serisy. Qui, au sein du directoire d’Euryx Bank-Bartabas, le mettait dans la confidence ? Une fois écartées celles de ses connaissances qui n’avaient pas rencontré son adjoint, Martigny estima que le parrain de Serisy ne pouvait être que l’une des trois autres personnalités membres du directoire. En attendant, il était dit que le principal intéressé serait le dernier à être informé de la création de la ” cellule de débordement “. Mais Gaëtan ne s’en offusqua pas. Le coup de feu était passé. De plus, voilà qu’il s’était pris au jeu de sa première mission, la ” veille concurrentielle “.En marge d’un rapport sur le ” scoring de comportement ” que lui avait réclamé Arzel Serisy, et où il avait fait le portrait-robot de la population qui avait réagi à la campagne de Prestibank (âgée, sourde, peu dégourdie), Gaëtan livra en effet un tableau comparatif des banques 100 % virtuelles. Il avait noté la qualité de leurs sites, la qualité de leurs offres. Pour en conclure que Prestibank apparaissait comme la plus ringarde, après avoir été pourtant la pionnière sur ce marché. La baisse de performance en matière de recrutement de clientèle venait de là.?” Tu ne peux pas en rester là, le conjura Arzel. Hier, tu prétendais ne rien connaître aux univers virtuels. Et aujourd’hui, tu trouves judicieux de nous donner des leçons d’e-banking !
?” C’est toi qui as trouvé judicieux de me former au ” hi-bankinge “.
?” Tu as mis des années avant de tabler sur Excel, et il t’aurait fallu moins d’une semaine pour maîtriser le langage HTML, pour juger de la qualité des frames ?
?” Je ne connais rien à ” hachetéhèmèle ” et aux ” frèmes “, Arzel. C’est hors de ma compétence.
?” Qu’est-ce qui te permet de dénigrer notre site ?
?” Je fais un constat d’utilisateur. Je souligne nos handicaps. D’autres apporteront la solution commerciale, technique. Chacun son métier. Vois en Angleterre : les banques virtuelles ont observé que, passé minuit, des clients passaient des ordres de virement délirants. Ils font sauter la banque au retour du pub. Eh bien, anticipons. Programmons un signal d’alerte pour neutraliser les ordres des clients pochetrons !
La semaine prochaine : ” Hacké menu ”
*journaliste, écrivain, ancien éditeur. Dernier ouvrage paru : “Caïn et Abel avaient un frère ” (LOlivier Édition).
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