Résumé du chapitre précédent :
Recommandé par un mystérieux “ top manager“, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne du groupe Euryx-Bartabas. Une promotion semée d’embûches. Car de cet univers, si différent de celui qu’Arzel a connu comme chef du contentieux, il lui faut maîtriser le langage.C’était sa dernière journée, rue de Sèvres. En consultant sa messagerie électronique, Arzel avait tiqué sur le courrier. Non seulement le DRH du groupe Euryx-Bartabas n’avait pu satisfaire la demande de congé sabbatique de Gaëtan, mais il priait Arzel Serisy d’emmener son vieux collaborateur ?” vingt ans de contentieux et un rêve de tour du monde à la voile refoulé depuis toujours?” avec lui chez Prestibank. Arzel s’en plaignit au téléphone.” Mais je ne peux pas mettre cul par-dessus tête la gestion des effectifs, lui rétorqua Guingois. Ça se planifie, ces choses-là ! Votre gars jouit déjà d’une faveur exceptionnelle. Il a rejeté nos propositions de réaffectation l’une après l’autre. Sans avoir été pénalisé. À ma connaissance, il est le seul de nos employés à être dans ce cas. Et à présent que le Douze-mètres de ce monsieur est prêt à prendre la mer, voilà qu’il demande à quitter son poste sur-le-champ. S’il tient à conserver tous ses droits, priez-le d’y mettre du sien.” Le DRH avait dit “ce monsieur ” avec une pointe de mépris. L’insistance d’Arzel lui déplaisait.”Sa demande est à l’examen depuis deux ans“, fit valoir Arzel.
?”” Il y a un délai à respecter“, se défendit Guingois.?” Deux ans, c’est suffisant tout de même ! ?” Y a pas de standard. J’ai cinquante demandes en liste d’attente. La RTT, les sabbatiques, c’est un casse-tête. Tenez, je ne saurai pas combien de ” sabbatiques ” devront être réintégrés dans six mois. On gère à l’estime. Je ne suis pas devin. Dans ces conditions, il est difficile de s’engager sur une date.?” Si c’est difficile, soupira Arzel, ça n’est pas impossible. ?” Je ne dis pas le contraire, figurez-vous. Mettons… que je fasse le nécessaire pour lui permettre de partir en octobre prochain.?” Ah, vous voyez bien…?” Je ne dis pas. Mais, d’ici là, ce monsieur serait bien inspiré d’accepter notre proposition. Car nous prévoyons de faire basculer les services contentieux sur le nouveau système clientèle d’Euryx. Ce n’est pas moi qui vous apprendrais que l’automatisation des tâches vide certains postes de leur justification initiale. C’est le cas de ce monsieur.?” Mais Gaëtan Larcin, protesta Arzel, je n’ai rien à lui reprocher. Il est un peu nonchalant, certes. Il réserve son enthousiasme à d’autres choses, mais enfin, comparé à d’autres… Lui au moins, il travaille. ?” Il ne s’agit pas de travailler, monsieur Serizy. C’est fini, ce temps-là. Il s’agit de produire.L’ambiance s’était dégradée. Voilà que le DRH ne l’appelait plus Arzel.” Mais à quel prix ? Que Gaëtan Larcin soit disposé à quitter le contentieux pour un autre poste, vous pouvez imaginer ça ? ?” Il le faudra bien, répliqua posément le DRH.?” Surtout qu’il n’y demeurerait que quelques mois ! Pour Larcin, Prestibank c’est la mine de sel ! Au contentieux, des directeurs, il en a vu défiler une pléiade sans jamais rien changer à ses habitudes. Ou si peu… Il lui a fallu dix stages avant de maîtriser le tableur. Il a usé une brigade de formateurs. Il refuse de démagnétiser l’écran du moniteur. La maintenance s’en méfie, comme d’un débile. Qu’est-ce que ça serait chez Prestibank ? Je vous le demande. Et les fichiers ! Des fichiers, il m’en a écrasé des dizaines, ce mec-là. C’est un sédentaire, nom de Dieu !?” Je croyais que cétait un navigateur, monsieur Serisy.?” Oh ! ça reste à prouver.Prochain chapitre : Double clic
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