Fin de réunion, les esprits sont fatigués, embués, mais restent suffisamment vigilants pour penser à s’échanger les adresses e-mails et prévoir de s’envoyer les comptes rendus, les photos, les plans et les PDF. Et tout à coup, au
milieu des agendas qui se referment, des souris qui se rangent et des portables qui se plient, une tour de Babel technocratique, bien plus proéminente que son ancêtre biblique, apparaît. Les langages deviennent ésotériques, les mots échappent à
leurs sens et les formats prennent le pas sur les documents.Nous ne savons pas échanger nos idées autrement qu’à travers le prisme déformant du standard PC ou Mac, Word ou Lotus, JPEG ou PSD. Alors qu’il serait si simple de se dire ce que nous voulons vraiment nous communiquer, quelles
données sont nécessaires à la compréhension du dossier, nous en restons au stade de l’incompatibilité des technologies. Nous passons notre temps à batailler autour de ces termes, comme pour nous y réfugier et remettre à plus tard le véritable
échange d’informations.Pourquoi ne pas se mettre enfin autour d’une table, et communiquer, passer de la culture de l’outil qui nous emprisonne à la culture de la donnée qui nous ouvre des horizons bien plus engageants ? Imaginons un instant les
premiers hommes qui, au lieu de se transmettre la connaissance, auraient passé leur temps à expliquer pourquoi la pierre de leur région n’acceptait pas le granit d’à côté pour tailler le silex ramassé au bord de la grotte et que, par conséquent, si
on ne définissait pas un standard de galet type, il deviendrait impossible de partager la fabrication des outils tranchants… Pas sûr que nous serions sortis d’affaire !
(*) MM. Yellow, Red, Green, Pink, Blue et Purple sont cadres dans des services informatiques. Chaque semaine, à tour de rôle, ils vous font partager le fruit de leur expérience.
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