J’adore les Thinkpad. Ce sont probablement les meilleurs portables du monde. Mais que vont-ils devenir, maintenant que ce n’est plus IBM mais Lenovo, un obscur constructeur chinois, qui les fabrique ?Je me pose des questions. Mais ne nous méprenons pas. La qualité n’est pas une question de nationalité. Surtout en informatique. Après tout, les Thinkpad, les Powerbook, et les Vaio, de Sony, sont tous fabriqués en Chine ou à
Taïwan. Et leur qualité est unanimement reconnue.Ce qui fait la différence, c’est la qualité du design, le choix des composants et la façon de les associer. Personne n’a jamais réussi à faire aussi bien qu’IBM avec ses Thinkpad : autonomie de
huit heures, performances d’une station de travail, disque dur antichoc, boîtier à la fois résistant et compact. Pourtant, on trouve toutes les pièces détachées sur les marchés de Taïwan.
Il ne restera plus qu’Apple pour les coups d’éclat
Si je me pose des questions, c’est parce que je crains que l’histoire bégaie. Les plus anciens se souviennent peut-être de Texas Instrument, qui faisait des portables extraordinaires ?” les Thinkpad de
l’époque ?” avec des fonctions que l’on ne trouvait sur aucune autre machine.La division a été revendue à Acer et les machines ont perdu leur âme. Aujourd’hui Acer se porte très bien. Il est même le premier vendeur de portables en Europe. Mais l’innovation n’est plus de mise. Les machines
sont devenues communes. Et on n’éprouve plus aucune fierté à posséder un Acer alors que les propriétaires de Texas, comme ceux de Thinkpad, se sentent privilégiés.Je crains donc que Lenovo reproduise le même schéma. Les plus cassandres des fans parlent déjà de SinkPad ou de ThoughtPad (coulé, passé). Je n’irai pas jusque là. Ce qui est sûr, c’est que je ne regarderai plus les
Thinkpad comme avant, en étant persuadé que la qualité des nouveaux modèles est au moins égale à celle des précédents.Les propriétaires de Thinkpad attendent donc tous Lenovo au tournant. Il devra faire ses preuves, tant sur la qualité des machines que sur le support technique. Avec la marque, les produits et l’ensemble du personnel
d’IBM, il part sur de bonnes bases.J’espère qu’il n’a pas dépensé plus de un milliard pour affadir et discréditer des produits reconnus. S’il veut valoriser sa mise, Lenovo sera donc avisé de suivre la voie de l’innovation, comme IBM.Sinon, le paysage informatique va devenir bien ennuyeux. Avec des produits banalisés, totalement interchangeables… et il ne restera plus qu’Apple pour tenter quelques coups d’éclat !* Grand reporter à 01 InformatiqueProchaine chronique mardi 11 janvier 2005
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