Tout le monde n’est pas convaincu qu’utiliser Internet est positif. C’est la leçon paradoxale tirée de la vaste enquête nationale Capacity, financée par l’Agence du numérique qui avait pour but de déterminer à qui profite Internet. Peut-il augmenter le pouvoir d’agir des individus, soit « l’empowerment » comme disent les anglophones ? Internet permet-il de participer davantage à la vie sociale et politique ? De saisir des opportunités de formation et d’emploi ? D’accéder à l’information, ou encore d’augmenter son capital culturel et d’estime de soi ? La réponse est oui pour la majeure partie de nos concitoyens. Pas pour les 16 % des Français qui n’utilisent pas Internet en France.
Le cas des« abandonnistes »
Ces individus non connectés affichent sans surprise un profil plus âgé et moins diplômé que le reste de la population. Ils sont davantage localisés dans le Nord-Est de la France et dans des petites agglomérations de 2 à 5000 habitants. Plus étonnants sont les motifs invoqués pour ne pas sauter le pas. 21% d’entre eux considèrent que cela n’a pas d’intérêt et autant explique ne pas savoir comment faire. Il y a aussi une proportion non négligeable d’« abandonnistes », avoisinant les 14%. Ces derniers ont déjà utilisé Internet par le passé. Mais ils y ont renoncé principalement à cause du coût et de la peur du manque de confidentialité des données.
Parmi les 16% de Français qui n’utilisent pas Internet, 62% reconnaissent cependant que cela pourrait faciliter les démarches administratives. Mais ils ne se sentent pas stigmatisés d’être déconnectés. Neuf fois sur dix, ils répondent « non » quand on leur demande s’il leur arrive d’avoir honte de ne pas utiliser Internet dans une société où il est devenu omniprésent. Près des deux tiers d’entre eux s’estiment plus heureux sans. Certains en sont même fiers. C’est principalement le cas des plus de 50 ans.
L’enquête a été réalisée sur un échantillon de plus de 2000 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus, sous la direction du groupement d’intérêt scientifique M@rsouin qui réunit les équipes de quatre universités bretonnes et de trois grandes écoles.
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