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Qui paiera la f(r)acture numérique ?

Lionel Jospin vient d’annoncer que l’Etat investira 500 millions de francs dans l’extension du GSM aux 8,4 % du territoire français encore non couverts. Vraie démagogie ou coup de main à des opérateurs oublieux de leurs obligations ? On peut légitimement se demander s’il n’y avait pas des chantiers plus urgents…

Gaule, 2001 : l’Empire du GSM règne sur 91,6 % du territoire et 99,3 % de la population. Seuls 390 000 Français continuent à ignorer les bienfaits de la téléphonie mobile. Que ces malheureux se rassurent : l’Etat va rétablir l’égalité républicaine. Fini la misère technologique : il n’y aura plus de trous dans la couverture.Officiellement, il s’agit de réduire la “fracture numérique”, en assurant la “cohésion sociale” et l’“attractivité territoriale”. Ainsi, le téléphone mobile est un vecteur de civilisation, au même titre que l’eau potable et l’électricité. Moi qui croyais que le GSM était un luxe *. J’ai pu me tromper. Du reste, la nouvelle satisfait tout le monde.Conquises, les brebis corréziennes envisagent de rallier massivement le PS aux législatives. Le flûtiau dans une pogne et le bâton dans l’autre, les bergers cévenols profitent de la fonction main libre pour gérer leur troupeau en fonction des cours du Nasdaq. Les cadres indispensables à l’entreprise vont pouvoir passer des vacances tranquilles : même au milieu d’un trek sur les flancs du Sancy, le comité directeur pourra toujours les retrouver.Certes, les antennes GSM font mauvais genre au dessus des toits de lauze. Mais ça crée des emplois chez les installateurs. Quant aux passionnés de vitesse sur départementales et chemins vicinaux, ils pourront décrire le paysage en conduisant d’une main ! Pour finir, un conseil d’ami : si elle ne veut pas se faire piquer, la Bête du Gévaudan a intérêt à rester sur vibreur.* Que ceux qui m’ont vu la semaine dernière à la Fnac Micro en train d’acheter un kit Mobicarte se rassurent : cétait pas pour moi.Prochaine chronique le samedi 25 août

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Pierre Grumberg