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Querelle de clochers autour du format RSS

Depuis un mois, la communauté du RSS s’invective sur la clarification de la définition du format. Une situation qui pourrait faire le jeu du concurrent Atom, récemment validé par l’IETF.

Un remake étonnant de Règlement de compte à OK Corral se joue actuellement au sein de la famille RSS, ce format qui permet de consulter automatiquement les nouveautés de ses sites préférés dans un logiciel ou sur un
site spécialisés*.Quelques membres influents de la communauté s’écharpent depuis quelques temps pour savoir s’ils peuvent ou non améliorer la dernière version de ce format : la 2.01. Elle avait été considérée comme
‘ gelée ‘ par la volonté de son créateur, Dave Winer, il y a presque trois ans.L’origine de la querelle ? Le
RSS Advisory Board, soit le comité consultatif du RSS, a récemment
proposé de clarifier certains aspects techniques du texte pour ‘ rendre le RSS plus simple à implémenter ‘
par
les développeurs de logiciels ou de services autour du RSS, mais aussi par ceux qui décident de proposer des fils RSS sur leur site Web. Pour le Board, il s’agit notamment d’éviter que les internautes soient trop régulièrement
confrontés à des fils RSS qu’ils ne parviennent pas à lire.Mais Dave Winer et ses supporters se refusent à toute modification. Ils s’appuient sur la conclusion du texte du fondateur, où était exprimée la volonté de figer le c?”ur du RSS dans cette version 2.01. Objectif : fournir
une base stable au marché qui se développe autour de ce format. Le RSS Advisory Board argumente de son côté qu’il ne veut en rien modifier le texte, mais simplement le clarifier.Le problème est que le créateur du RSS fait mine d’oublier que, dans son document, il autorise quand même des clarifications pouvant conduire éventuellement à des versions 2.02, 2.03, etc. Et, entre 2003 et 2005, il aura même
piloté, ou accepté, six révisions de son texte par le RSS Advisory Board. Elles portaient certes sur des points de détails mais amélioraient déjà un peu la lisibilité de la spécification. D’où l’incompréhension de l’actuel président du
Board, Rogers Cadenhead, et de certains praticiens du RSS face aux blocages actuels.

L’IETF valide la version 1.0 d’Atom

Des développeurs
se plaignent par exemple d’être confrontés à beaucoup de fils RSS qui fonctionnent mal. Le créateur du lecteur FeedDemon, Nick Bradbury, va, lui,
jusqu’à réclamer une réécriture du RSS tellement il trouve sa spécification actuelle vague.A l’opposé, d’autres développeurs soutiennent Winer. Thierry Forster, créateur français du tout nouvel agrégateur en ligne Feedshow, explique que ‘ les problèmes soulevés par le Board sont tout à
fait mineurs ‘.
Plus extrémiste, Paul Montgomery, créateur australien du moteur de recherche Tinfinger et membre reconnu de la communauté RSS, va jusqu’à affirmer que sa ‘ pauvre
qualité ‘
est ‘ une forme d’avertissement destiné aux grosses entreprises : “Passez votre chemin !” ‘. Pour lui, le flou qui entoure RSS est en
effet une façon d’échapper aux griffes des firmes qui voudraient se l’accaparer.Cette perspective est d’ailleurs une des raisons des humeurs de Dave Winer. Le RSS Advisory Board, qu’il a quitté volontairement pour vaquer à d’autres occupations, a en effet invité récemment à son bord des dirigeants de
grands acteurs du RSS comme Technorati, FeedBurner, NewsGator, Blogger ou Six Apart. Winer aura, appels téléphoniques à l’appui, réussi à convaincre David Sifry, fondateur et PDG de Technorati, ainsi que Greg Reinacker, PDG de Newsgator, de sortir
du Board.Du côté de ce dernier, Rogers Cadenhead nous explique que ces querelles vont, au final, ‘ reléguer RSS à un statut de seconde classe derrière Atom, parce que ce dernier format a pour lui deux choses qui manquent
aujourd’hui au RSS : la clarté et un cadre établi ‘.
A savoir celui de l’IETF, une des plus importantes instances de standardisation du Net,
qui vient d’en valider la version 1.0. De quoi plaire en effet à la communauté des développeurs.La conclusion de cette petite guerre entre amis du RSS est tombée mardi 1er mars… mais sans faire beaucoup avancer les choses. La mort dans l’âme, le président du RSS Board a décidé de ne pas passer
outre la volonté de Dave Winer et de se limiter à la rédaction d’un document annexe sur les meilleures pratiques du RSS. Laissant donc la définition officielle à son flou… et aux querelles à venir.* Citons par exemple le logiciel RSSOwl et l’agrégateur Feedshow.com, tous deux gratuits et disponibles en français, ainsi que FeedDemon, payant et en anglais.

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Serge Courrier