Christel Heydemann deviendra Directrice générale de l’opérateur télécom Orange à compter du 4 avril 2022. Une nomination voulue par Bercy et l’Elysée. Elle remplacera ainsi Stéphane Richard. Mais à moitié seulement : le poste a en effet été scindé en deux. Et celui de président ou présidente reste à pourvoir.
La quarantenaire polytechnicienne est une ingénieure au parcours sans faute passée par l’équipementier Alcatel-Lucent et qui a fini Vice-Présidente Europe de Schneider Electric. Elle connaît bien les télécoms, ainsi que le groupe Orange, dont elle a été membre du conseil d’administration.
Faire le grand écart entre les technologies
Qu’est-ce que son arrivée peut changer pour les abonnées d’Orange ? Stéphane Richard a été critiqué pour sa gestion du réseau cuivre et de la crise des appels d’urgence. L’opérateur historique se retrouve en effet dans une situation de transition. Il doit accompagner la fin de l’ADSL et du RTC les yeux tournés vers l’avenir, tout en maintenant des lignes en cuivre malmenées par les intempéries et les vols. Un véritable grand écart qui nécessite beaucoup de réactivité et de diplomatie. Car le mécontentement des abonnés et des élus locaux est grand dans les campagnes où les incidents sont fréquents.
Il y a aussi l’épineux dossier de la qualité des raccordements en fibre optique qui est devenu le cheval de bataille de la présidente de l’Arcep Laure de La Raudière. Là encore, la grogne des abonnés monte face à des installations défectueuses et des interventions de sous-traitants pas toujours au niveau. Malgré tout, Orange conserve une bonne longueur d’avance sur la fibre vis-à-vis de ses concurrents puisqu’il vient de passer la barre des 6 millions de clients. C’est ce qui lui assure plus de marge.
Faut-il risquer d’augmenter les prix ?
Concernant le mobile, pas de problème en apparence, car Orange dispose du meilleur portefeuille de fréquences et devance ses concurrents quant à la qualité de service. Mais les investissements réalisés pour lancer la 5G vont être difficiles à rentabiliser avec des tarifs pour le grand public qui restent bas et une nouvelle technologie sur laquelle les Français ne se précipitent pas faute de nouveaux usages. Christel Heydemann pourrait être tentée de remonter les prix. Avec le risque de voir son parc d’abonnés fléchir. D’une manière générale, elle aura assez peu de marge de manœuvre sur un marché extrêmement concurrentiel.
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Il y a, par ailleurs, une tendance mondiale à la consolidation du marché dans les télécoms à laquelle la France a échappé jusqu’ici. Il se pourrait que la question se pose à nouveau, au lendemain de la présidentielle, de passer de quatre gros acteurs à seulement trois.
Une seule chose est sûre : ce n’est pas Orange qui sera à vendre. Mais pourra-t-il acheter un rival ? Pas certain sans risquer la position de monopole. Le spectre d’un rapprochement avec son homologue allemand Deutsche Telekom pourrait aussi ressurgir. Dans tous les cas, cela aurait des répercussions sur les abonnés si le périmètre d’Orange change.
Diversification : stop ou encore ?
Enfin, il y a la question de la diversification. Difficile pour les opérateurs de rivaliser en matière de hardware, de software et même de contenus avec les GAFAM. Pour éviter de se retrouver réduit à un simple rôle de tuyau, Stéphane Richard a voulu que Orange devienne plus qu’un opérateur télécom.
Il l’a positionné comme un opérateur multi-service avec, par exemple des services additionnels comme Maison Connectée, Maison Protégée ou, plus ambitieux, Orange Bank. Cette dernière activité bancaire perd beaucoup d’argent. Faut-il arrêter les frais ou au contraire accélérer cette diversification ? Ce sera à Christel Heydemann de trancher.
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