Virus informatiques par ici, spongiformes ou aphteux par là : au secours, on est cernés ! Nous voilà tous au régime sec : prière de ne plus toucher à la viande ni à l’ordinateur. Même la météo est pourrie, avec son ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle à l’ozone troué. Seul au milieu des nuées, le virus vire au beau fixe et culmine sous les cumulus. Je vous jure, tout ça finira par me donner des boutons. Le monde entier n’est plus qu’un écosystème de germes envenimés. Même le marketing, pourtant permissif, est devenu viral.
Et les vaccins ne valent rien, nous prévient Docteur Micro qui sonne le tocsin. Le virus, qu’il soit russe ou javanais, est plus rusé que l’antidote. Nous sommes tous des infectés en puissance, le bout de nos doigts azertysés. L’épizootie virtuelle nous guette, les bits sont pleins de kystes, la RAM rame, le Bios se désosse, l’écran est à cran. Il faut donc apprendre aux nouvelles générations à vivre dans la planète virus, et leur enseigner les gestes élémentaires de survie numérique. Changer de pseudo tous les jours ; javelliser ses e-mail tous les matins ; désinfecter son disque dur tous les soirs ; protéger son site la nuit (c’est beau un site la nuit) par des leurres lancés dans l’espace virtuel, qui tromperont les rogues roquettes des hackers qui s’en donnent à c?”ur joie ; régulièrement crypter et décrypter le transit digital ; de dos face à ta webcam, toujours filmer te feras. Place au web propre, écolo !Vive le web vert ! Fin des hoquets de l’octet. Alors, peut-être, le net sera-t-il plus net et le binaire plus nerf. Alors, peut-être, pourrons-nous à nouveau respirer à pleins poumons l’air du ventilateur de notre ordinateur, se remplir le cerveau des micro-ondes de notre portable, se noyer les yeux dans le RVB vicié de notre écran, égrener un à un les bits par seconde de notre modeste modem, appuyer sans fin sur les boutons ” démarrer “, ” arrêter “, ” démarrer “, ” arrêter “, et ouvrir et fermer des fenêtres pas fun, taggées de messages abscons et derreurs 404.
La belle vie quoi !
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