Passer au contenu

Quelle convention collective pour Internet ?

Faut-il une convention collective propre à Internet ? Jean-Marie Messier en a défendu l’idée fin janvier. Quelques jours plus tard, la CFDT Communication lançait un appel pour ouvrir des négociations avec les patrons de presse, alors que les unions patronales des télécommunications entamaient une étude sur l’extension de la convention collective des télécommunications à Internet.

En évoquant la mise en place du “chantier d’une convention collective spécifique aux professionnels d’Internet” lors d’un entretien accordé au Parisien, fin janvier, Jean-Marie Messier, président de Vivendi Universal (actionnaire principal de 01net.), a relancé le débat sur le flou qui entoure les entreprises de la Net-économie.La majeure partie des sociétés Internet qui adhèrent à une convention collective se sont tournées vers celle du SYNTEC, initialement pensée pour les bureaux d’études, les sociétés de conseil et les éditeurs de logiciels.D’autres, comme Cegetel ou Noos, ont adhéré à la convention des Télécommunications, signée en juin dernier et appliquée depuis novembre 2000. Mais cette dernière laisse certaines zones d’ombre : les portails, sites internet et activités intermédiaires peuvent-ils être concernés ?Pour répondre à cette question, l’ Union nationale des entreprises de télécommunications (Unetel) et le Réseau des services télécoms (RTS), qui représentent les patrons des entreprises de télécommunications, ont annoncé, le 2 février dernier, la mise en place d’une cellule d’étude sur l’extension de la convention collective des télécommunications aux entreprises Internet.Bernard Jaïs, président de l’Unetel et Jean-François Colin, conseiller spécial auprès de Jean-Marie Messier, sont chargés de définir quel type de sociétés pourraient intégrer cette convention. ” D’ici huit à dix mois, nous serons en mesure de proposer l’extension de la convention à certains métiers ou secteurs Internet “, précise Laurence Berthenot, secrétaire générale de l’Unetel.Danielle Rived, secrétaire générale de la CFDT Communication et culture, voit d’un bon ?”il l’extension de la convention collective des télécommunication à certains métiers d’Internet. Mais elle tire la sonnette d’alarme sur les dangers d’un manque de concertation sur la reconnaissance et la définition exacte des métiers de l’information et de la communication sur le Web.
C’est pourquoi, dans une lettre aux Fédérations nationales de la presse (FNPF et FNPS), la CFDT Communication et culture a demandé, le 31 janvier, la mise en place d’une réflexion sur l’extension de la convention collective de la presse au secteur Internet.

Le problème de l’information sur Internet

En effet, dans le contexte actuel, l’information sur Internet pose plusieurs problèmes : produit d’appel pour des sites d’e-commerce ou pour des moteurs de recherche, elle représente également le c?”ur de métier d’autres sites.En absence de définition exacte des métiers d’Internet, l’amalgame entre production éditoriale et information pourrait lentement s’opérer.” S’il n’y a pas de négociations sur la convention des journalistes sur Internet, nous courons deux risques majeurs : les journalistes ne bénéficieront plus des droits acquis dont ils jouissent dans la presse traditionnelle, la démocratie sociale sera menacée par l’absence de définition de ce qu’est l’information sur Internet “, avance Danielle Rived. Et d’ajouter : ” La presse écrite et audiovisuelle qui veut se développer sur Internet doit se structurer en branches professionnelles qui s’assument socialement. “

Flou juridique

Olivier Dalage, journaliste, vice-président de la Commission de la carte des journalistes, et membre du Syndicat national des journalistes, abonde dans son sens. Il estime que les journalistes en ligne “doivent bénéficier de la convention des journalistes. Plusieurs conventions collectives peuvent d’ailleurs cohabiter dans une même entreprise en fonction des métiers”.Mais, contrairement aux entreprises de presse traditionnelles, les sites d’information, qui n’ont d’autre existence que sur Internet, ne bénéficient d’aucun statut particulier. Ils peuvent appliquer la convention collective des journalistes s’ils emploient des journalistes. Mais ils ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat (la presse traditionnelle bénéficie d’abattements fiscaux, ce qui promeut indirectement l’application de la convention collective des journalistes). Absente des lois, la presse en ligne jongle donc avec lexistant. A terme, cette situation pourrait poser de vrais problèmes déontologiques.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Mélusine Harlé