Malgré ses faibles parts de marché, Fairphone a réussi à se faire connaître dans la culture populaire. Plébiscité par certains, rejeté par d’autres, le constructeur néerlandais n’a aucun équivalent sur le marché du smartphone. Dans un univers de surconsommation, il propose un appareil facile à réparer soi-même, fabriqué dans de bonnes conditions et conçu pour limiter le gaspillage. Malheureusement, le principal problème de Fairphone a toujours été le décalage entre sa promesse et la réalité. Très peu endurant, doté de composants moyens (pour ne pas dire médiocres) et trop occasionnellement mis à jour, les Fairphone servent plus à revendiquer son militantisme qu’à lutter contre les grands constructeurs. C’est dommage, on a forcément envie de voir Fairphone réussir.
Avec le nouveau Fairphone 4, commercialisé le 25 octobre aux tarifs de 579 euros (6+128 Go) ou 649 euros (8+256 Go), Fairphone veut prouver qu’il sait écouter les critiques. Nous avons reçu cet appareil il y a quelques jours, voici nos premières impressions.
Un smartphone à l’allure de son époque
Première observation, le Fairphone 4 est moins « moche » que ses prédécesseurs. Pardonnez-nous cette familiarité, mais il serait malhonnête de prétendre que les anciens Fairphone ressemblaient à quelque chose. Pour rendre son concept modulaire possible, le constructeur néerlandais avait complètement laissé le design de côté. Cette année, le Fairphone 4 se fond plus facilement dans la masse. Son écran est presque bord à bord (il y a toujours d’imposantes bordures en haut et en bas) avec une encoche en forme de goutte d’eau, son dos en plastique recyclé est plutôt élégant et son module caméra adopte une disposition originale, mais agréable à regarder. On le trouve plutôt joli.
Il n’y a pas qu’esthétiquement que Fairphone s’aligne sur la concurrence. Obsolète avant même leur commercialisation, les précédents Fairphone décevaient par leurs caractéristiques. Cette année, en misant sur le processeur Snapdragon 750G de Qualcomm, une compatibilité 5G, une batterie de 3905 mAh et un slot d’extension Micro SD, Fairphone propose quelque chose de correct pour un smartphone milieu de gamme. Le double module caméra du smartphone embarque un capteur principal de 48 Mpix, un ultra grand-angle relié à un capteur de 48 Mpix et un capteur TOF. Ce n’est certainement pas le meilleur rapport qualité-prix du moment, mais l’appareil devrait moins buguer que les anciens modèles.
Seule déception, l’écran de 6,3 pouces du Fairphone 4 est de technologie LCD. C’est un fait très rare dans l’industrie, l’OLED est depuis quelques mois la norme sur toutes les catégories. Cela pénalisera forcément l’utilisateur.
Presque tout est remplaçable
Ce qui fait du Fairphone 4 un smartphone pas comme les autres, c’est la manière dont sont disposés ses composants. La batterie, le haut-parleur, la grille d’appel, le double module caméra, l’appareil photo frontal, le port USB Type-C et l’écran du smartphone sont des composants amovibles que l’on peut facilement retirer avec un simple tournevis (Philips 00). Tous ces composants seront vendus pendant au moins cinq ans sur le site de Fairphone, ce qui devrait vous permettre de remettre à niveau votre appareil au moindre problème. Cela confère un indice de réparabilité de 9,2/10 au Fairphone 4. Seul composant non remplaçable, et pas des moindres, la carte-mère.
En ce qui concerne le logiciel, Fairphone promet que son nouveau smartphone ira jusqu’à Android 15 (il sera livré sous Android 11). Permettez-nous d’être sceptiques. Si Fairphone met en effet à jour ses smartphones pendant longtemps, il a généralement beaucoup de retard. Android 9, sorti en 2018, n’est que récemment arrivé sur le Fairphone 2 de 2015.
Promesse/réalité, le même problème
Sur le papier, le concept du Fairphone 4 est toujours aussi innovant. En réalité, les mêmes questions se posent toujours. Par exemple, à quoi ressemblera un Fairphone de dernière génération dans deux ans, quand son processeur aura vieilli ? Il y a fort à parier que le smartphone sera très lent et que son propriétaire regrettera assez rapidement de ne pas avoir opté pour un smartphone d’une marque concurrente, d’autant plus que des constructeurs comme Apple, perçus par les fans de Fairphone comme le diable, utilisent de plus en plus de composants recyclés et sont bien meilleurs en termes de mises à jour logicielles. Il n’y a qu’au niveau des réparations que Fairphone est indétrônable.
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Autre inquiétude, à cause de la disposition de ses composants, Fairphone est obligé de faire de nombreuses concessions techniques. Selon les premières mesures de notre laboratoire, l’autonomie du Fairphone 4 est inférieure à la moyenne du marché (12 heures à notre test d’autonomie polyvalente). Cela veut dire que, pour tenir une journée entière, se balader avec une seconde batterie dans son sac pourrait être indispensable. Finalement, Fairphone n’inventerait-il pas un problème ? Autre constat du laboratoire de 01net.com, l’écran du Fairphone 4 est un des pires du marché. Sa luminosité maximale de 411 cd/m2 est extrêmement faible et son taux de contraste de 1581:1 n’est pas digne d’un appareil à 600 euros. Une nouvelle fois, on paye au prix fort la modularité.
Dernière chose qui nous interroge, Fairphone compte se lancer sur le marché des écouteurs sans-fil. N’est-ce pas un peu éloigné de son combat ? Tout ceci est d’autant plus perturbant que le Fairphone 4 est le premier smartphone de la marque sans prise jack. Peut-on être la marque la plus écologique au monde en multipliant les annonces et, malgré soi, en poussant à la consommation ?
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