À moyen terme, on peut prévoir une réintermédiation en profondeur, poussée par les possibilités offertes par Internet. Beaucoup de bêtises ont été écrites sur les désintermédiations que le Net aurait apporté. Laissez-moi quelques lignes avant de vous faire une opinion… Ce mouvement est porté par la notion de “places de marché spécialisées sur le Web”. Altra Energy Technologies Inc. constitue un exemple typique de ces nouveaux “Netermédiaires” spécialisés dans les échanges B to B qui réinventent la notion de place de marché. Auparavant, le commerce de gaz naturel reposait sur des échanges, par téléphone ou fax, entre quelques vendeurs et acheteurs. Les acheteurs étaient très défavorisés, car il y avait peu d’affaires potentielles et les manipulations de prix par les vendeurs étaient monnaie courante… Avec Altra, des milliers d’opérateurs peuvent intervenir anonymement sur ce secteur. Devenu le principal carrefour d’échanges des ventes de gaz naturel, le site a canalisé 40 % des transactions en 1999 et prévoit 12 Md$ (12,775 Mde) de transactions cette année. Mais toutes les initiatives de place de marché ne sont pas forcément à vocation sectorielle. Par exemple, Market4Retail s’adresse aux revendeurs et aux détaillants, au niveau mondial. Des outils collaboratifs complètent cette marketplace qui accepte tous types de marchandises. On parle beaucoup d’e-procurment (commande de fournitures via le Net) quand on aborde le sujet du business B to B, parce qu’il s’agit d’un marché énorme. En février 2000, Matsushita Electric Industrial, premier fabricant mondial d’électronique grand public (Panasonic, Technics, etc.), a annoncé qu’il achèterait en ligne ses composants dès avril 2000, une facture de 2,200 MdY (220 Mde). Peu après, Canon déclarait qu’il comptait passer 95 % de ses commandes de composants et matières premières par Internet d’ici fin 2000. Il espère ainsi économiser 75 Me par an et réduire d’un tiers les délais de livraison. Réaliser des économies conséquentes (de 10 à 15 % en moyenne) sur les frais d’approvisionnement constitue justement l’avantage majeur de l’e-procurment pour les entreprises. Ces marketplaces encore jeunes affichent déjà un leader : VerticalNet. Depuis le début de l’année, ce site regroupe 55 communautés différentes. Il crée une véritable dynamique puisque 50 % des contacts établis entre partenaires n’avaient pas occasionné de prise de contact antérieure. 40 % des utilisateurs du site ne sont pas Américains. 20 % des contacts initiés en ligne deviennent des commandes, pour un montant moyen de 25 000 $ (26 638 e). Il ne faut toutefois pas imaginer qu’un boulevard s’ouvre pour les nouveaux intermédiaires à l’origine de ces places de marché sur le Net. En effet, certains grands industriels ont décidé de pratiquer la réintermédiation jusqu’au bout, c’est-à-dire en se passant même des nouveaux organisateurs ! General Electric ou les principaux constructeurs automobiles (GM, Ford et Daimler-Chrysler) sont en train de monter leurs propres systèmes en direct. À peine commencée, la bataille s’annonce donc acharnée.
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