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Quatre ans de prison pour incitation aux émeutes sur Facebook

Un tribunal britannique a condamné deux hommes, âgés d’une vingtaine d’années, coupables d’avoir posté des messages sur les réseaux sociaux dans le but de provoquer des troubles outre-Manche.

Après les troubles qui ont secoué la Grande-Bretagne au début du mois d’août, la justice entre en action. Et elle n’y va pas de main morte. Un tribunal de Chester vient de condamner deux jeunes Britanniques à quatre ans de prison pour incitation aux troubles par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Une sentence d’autant plus lourde que les appels des deux internautes n’avaient pas été suivis, selon le quotidien The Guardian.

Agé de 20 ans, Jordan B. avait créé sur le réseau social un « événement », intitulé « Smash down ». Il appelait ses acolytes à le retrouver dans sa ville de Northwich dans la nuit du 8 août, « mais personne à part la police, qui surveillait la page, ne s’est présenté au point de rendez-vous devant le restaurant McDonald’s », raconte le journal. La police a pourtant procédé à son arrestation.

L’histoire de Perry S.-K., 22 ans, n’est guère plus brillante. Le 9 août, il crée la page Facebook « The Warrington riots » [« Les émeutes de Warrington », NDLR], qu’il désactive le lendemain, se remettant d’une gueule de bois. Quatre cents de ses contacts y ont eu accès, mais aucun désordre n’en a découlé. La Cour a pourtant estimé que cette page avait créé un vent de panique sur la ville.

Internet et les télécoms dans le collimateur du gouvernement

Ces décisions ont été diversement commentées outre-Manche. Si les associations de défense des droits civiques estiment ces sentences disproportionnées, les autorités applaudissent des deux mains. « Ils ont décidé dans ce tribunal… d’envoyer un message fort et je pense que c’est une bonne chose que les tribunaux soient en mesure de le faire », a expliqué le Premier ministre, David Cameron, cité par The Guardian.

C’est lui aussi qui, le 11 août dernier, soulignait le rôle néfaste des réseaux sociaux et des services de télécoms dans les troubles. Il se faisait l’écho des forces de police, qui accusaient Facebook, Twitter et la messagerie BlackBerry de RIM de faciliter la tâche aux émeutiers en leur permettant de s’organiser.

Le service de RIM est particulièrement dans le collimateur des autorités. The Guardian révèle ainsi que le service de renseignement MI5 et le centre d’interception électronique (GCHQ) ont été sollicités par le gouvernement pour tenter de « craquer » la messagerie du BlackBerry. Plusieurs émeutes avaient été également désamorcées après que la police eut intercepté des messages à partir de téléphones récupérés auprès des participants.

A la lumière de ces événements, certains souhaiteraient que les pouvoirs publics puissent demander la suspension de services communautaires lorsqu’ils sont utilisés dans des troubles. Ceux-là ont peut-être déjà oublié que ces mêmes réseaux sociaux ont été loués pour le rôle qu’ils ont joué dans la révolution tunisienne.

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Stéphane Long