Aux Etats-Unis, les revers de fortune de certains acteurs de la Net-économie ont au moins le mérite de faire rire tous les autres. C’est le cas, par exemple, avec les acronymes qui ont fleuris pendant toute l’année 2000. A peine le ” B-to-C ” (business to consumer, en français le commerce à destination du grand public) était-il passé de mode, que le ” B-to-B ” (le commerce interentreprises) ravivait les espoirs des entreprenautes.L’univers doré de la Net-économie, aujourd’hui dans la tourmente, se console en détournant allègrement la signification de ces acronymes. B-to-B est ainsi devenu ” back to banking ” (retour à la banque) et B-to-C, ” back to consulting ” (retour aux sociétés de conseil).” C’est ce que disent tous les élèves des écoles de commerce “, lance Edward Leamer. Ce dirigeant de l’école de commerce Anderson de l’université de Los Angeles n’a pas résisté à la tentation d’apporter sa propre contribution à ce glossaire ironique, ” back to bankrupcy ” (retour aux faillites) lui semblant plus approprié pour traduire B-to-B.” Lorsque l’on entre dans une période de dégraissage dans une entreprise ou dans un secteur, l’humour noir fait son apparition “, explique John Challenger, directeur général de Challenger, Gray and Christmas Inc. “ L’humour est la meilleure façon de tromper l’angoisse “, poursuit-il.
Enfin libres
” Les deux tiers de mes amis ont été licenciés “, avoue Patty Beron, fondatrice de sfGirl.com, un site très consulté sur lequel les entreprises high-tech annoncent leurs soirées de lancement. Ce mois-ci, Patty Beron a participé à l’organisation de la première Pink Slip Party, autrement dit la fête des “virés” (Pink Slip désignant aux Etats-Unis une lettre de licenciement). Elle attendait 50 personnes. Plus de 400, enfin libres de leurs obligations professionnelles, se sont présentées.” Les salariés de la Net-économie, qui ont converti l’Amérique des businessmen à une mode beaucoup plus ” relax “, portaient tous des costumes stricts, buvaient du soda et tentaient de séduire les recruteurs “, raconte-t-elle.Au fil des soirées, les chômeurs de la Silicon Valley fondent ainsi un nouveau type de communauté. Celle-ci se rassemble évidemment en ligne, notamment sur www.ijustgotfired.com, un site dont le nom pourrait se traduire par ” jeviensdemefairevirer.com “, ou sur www.netslave.com (esclave du net).L’ambiance délétère fait également les beaux jours de www.fuckedcompany.com (société niq…), un site qui répertorie les faillites des ” dot-com compagnies “. Le trafic de www.satirewire.com, qui se veut un haut lieu de l’ironie au sujet de la nouvelle économie, a doublé au cours des derniers mois. ” Si vous ne réussissez pas d’emblée, mettez-le en avant “, conseille le site qui devrait s’approcher du million de pages vues en décembre. Il propose en outre une revue de presse des titres amèrement drôles du type” Affrontements dans le camp de réfugiés des dot-com “. Andrew Marlat, qui se proclame ” oligarque ” de SatireWire, estime le succès de son site montre que les choses ne sont pas si dramatiques pour les chômeurs de la Net-économie. ” Il est un peu plus facile de rire lorsqu’il reste un peu d’espoir “, explique-t-il.
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