Lorsque le classique s’effondre, l’exotique retrouve de l’attrait. Le bon cru 2001 des places financières des pays “émergents”, avec des performances positives qui s’étagent de 5 % jusqu’à plus de 134 %, tranche singulièrement avec la déroute des Bourses occidentales. Le phénomène touche une variété de zones géographiques, mais, hormis quelques cas particuliers (Zimbabwe, Botswana, Roumanie), il concerne surtout des pays ayant déjà acquis un certain niveau de richesse et dotés d’une industrie constituée. Des marchés où les entreprises de technologie jouent déjà un rôle notable sur la croissance et où les indices boursiers sont généreusement épicés de valeurs high-tech : Asie du Sud-Est, Europe de l’Est, ou encore, à un degré moindre, Amérique latine. Les TMT pèsent ainsi 84 % du principal indice boursier de Taïwan ou 26 % de l’indice sud-coréen.Dans ces trois grandes zones ?” où la croissance est, généralement, toujours au rendez-vous ?” les groupes technologiques ont en outre bénéficié, depuis dix-huit mois, d’un regain de sous-traitance de la part des entreprises américaines, européennes ou japonaises, soucieuses de tailler dans leurs coûts et de protéger leurs marges. À ces facteurs globaux s’ajoutent des spécificités régionales ou nationales.
L’Europe à l’est…
L’Europe centrale et orientale, qui a le mieux résisté au ralentissement économique, continue à attirer facilement des fonds autour de la vague de privatisations de vastes pans industriels, dont les télécoms. L’Amérique latine a deux points d’ancrage dans les TMT : les médias audiovisuels, historiquement puissants, et les télécoms, qui sont favorisés par le courant d’échanges au sein de l’Alena, le grand marché transaméricain. L’opérateur mexicain America Moviles, l’une des plus fortes capitalisations du continent, étend ses réseaux jusqu’au Brésil. L’Asie, elle, reste un bassin de main d’?”uvre bon marché et qualifiée, tout en jouissant de la puissance de ses places financières.“C’est le poste qui monte. L’Asie est passée de 26 % de nos actifs gérés, fin 2000, à 47 % fin 2001”, note Wen Zhang-Goldberg, cogérante de la sicav Carmignac Émergents.
Corée, Taïwan : cibles sûres
Ses marchés favoris ? La Corée et Taïwan, à la fois pays développés et véhicules sûrs pour jouer la Chine, à travers TSMN (de Taïwan), par exemple, leader mondial des wafers (industrie des semi-conducteurs), fournisseur d’Intel, équipementier de la X-Box de Microsoft. En Corée, le secteur compte encore Samsung, à l’univers technologique étendu (fabricants de puces mais aussi d’écrans LCD, de mémoires RAM, etc.), et, à Taïwan, TSMC et UMC. Hon-Hai, leader mondial taïwanais, en connectique cette fois, vient de construire une usine près de Pékin, alimentant Nokia en terminaux mobiles. En Corée, Carmignac a choisi aussi NC Soft, jeune concepteur de jeux en ligne dont le produit vedette, Lineage, est vendu jusqu’au Japon, à Hong-Kong et aux États-Unis. Avec 55 millions d’euros (360 millions de francs environ) d’encours, Carmignac Émergents souhaite investir encore en 2002, “au gré des opportunités”.En dehors de la Corée et de Taïwan, cibles préférées des investisseurs, les choix se font plus sélectifs. En Inde, immense marché à la croissance toujours spectaculaire, les interventions étrangères sont empêchées par des embûches juridiques persistantes. Infosys, société informatique à la santé insolente, retient l’attention.
La Chine calinée
Quant aux places de Hong-Kong et de Singapour, dont les performances boursières 2001 sont pitoyables, elles attendent un redémarrage.Enfin, la Chine fait l’objet des plus vives attentions. À côté des télécoms pures, les médias, bien sûr, attirent les investisseurs. Mais aussi les “red chips” (sociétés cotées à Hong-Kong mais réalisant leurs affaires sur le continent) comme Cetic (conglomérat financier), et les “window companies” d’une province ou d’une ville, telle Shangai Industrials.Le point d’entrée des capitaux reste pourtant souvent, du seul fait de sa liquidité, l’opérateur China Mobile, la deuxième capitalisation de la région (50 milliards de dollars, soit quelque 57,8 milliards d’euros) derrière le géant bancaire HSBC.Xing Hu, le gérant d’Atlas Chine (+ 37 % de performance en 2001), une sicav de 11 millions d’euros d’encours, se refuse, comme l’ensemble de la profession, à miser sur des valeurs par trop modestes. Les dot-com, notamment, demeurent, de ce fait, les parents pauvres des investissements étrangers, hormis une poignée de valeurs chinoises cotées au Nasdaq (dont les portails China.com et Sina.com). Un secteur de toute façon “beaucoup trop valorisé, là comme ailleurs”, tranche Xing Hu.
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