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Quand les TIC se réveilleront en Europe

Les technologies de l’information devraient progresser de 5,4 % en Europe en 2002. Signe du dégel, selon l’EITO.

Bien sûr, ce n’est pas encore l’euphorie, mais des jours meilleurs s’annoncent en Europe pour le secteur des technologies de l’information et de la communication, aux dires des experts de l’Observatoire européen des technologies de l’information (EITO).Premier constat fait par l’organisme dans son rapport annuel, qui vient d’être publié à Bruxelles : bien que malmené par le ralentissement mondial, le marché des technologies de l’information et de la communication (TIC) en Europe de l’Ouest (Union européenne, Suisse et Norvège) a quand même réussi à afficher une croissance de 5,1 % l’an dernier pour atteindre 643 milliards d’euros. Pas si mal pour un secteur qui a aussi souffert d’une relative saturation du marché des GSM, du retard pris pour le lancement de technologies comme le GPRS et du poids financier des licences UMTS.“Globalement, la part de l’Europe dans le marché mondial a même légèrement progressé l’an dernier”, a relevé Erkki Liikanen, commissaire européen chargé de la société de l’information, qui assistait à la présentation du rapport. Si l’on considère le Vieux Continent dans son ensemble, cette part est aujourd’hui de 29 % dans un marché mondial qui a atteint 2 292 milliards d’euros en 2001, ce qui place l’Europe en deuxième position derrière les États-Unis (34 %).Les dégâts occasionnés par la crise sont sans commune mesure en Amérique, où la croissance du secteur n’a pas dépassé 0,5 % en 2001, quand la progression mondiale était de 4,4 % et celle du Japon de 5,3 %.Aujourd’hui, estime l’observatoire, l’horizon se dégage pour les TIC : après 5,4 % en 2002, le marché ouest-européen devrait progresser de 7,8 % en 2003. On est loin encore des 13 % atteints en 2000, mais ces perspectives n’en sont pas moins encourageantes. Le secteur progressera de 6,6 % en 2002 et de 9,8 % en 2003.

La France, lanterne rouge

Par segments de marché, la branche logiciels et services devrait enregistrer la plus forte progression l’an prochain (+10,8%), devant les équipements télécoms (+8,7%), les opérateurs (+6,4%) et les ordinateurs (+4,5%).En matière de télécoms, l’Allemagne devrait être le pays européen le plus dynamique en 2003, avec une hausse annuelle du marché estimée à 9,1 %, loin devant les pays scandinaves (+7,3%) et le Benelux (+6,8%).La France serait lanterne rouge avec +5,4 %, une performance de surcroît inférieure à celle de 2002 (+5,7%). Elle devrait toutefois faire meilleure figure dans l’informatique et internet, avec une hausse attendue du marché de 9,3 % en 2003, après +5,9 % en 2002. Elle devancerait ainsi l’Allemagne, mais resterait derrière le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne.Autre point positif pour l’EITO, internet a accentué sa percée en Europe de l’Ouest en 2001, avec 148 millions d’utilisateurs, soit 38 % de la population. Une proportion que l’institut de recherche de Francfort espère voir passer à 63 % en 2005. À ses yeux, l’e-gouvernement, qui permet notamment aux usagers du web d’effectuer leurs démarches administratives en ligne, a un rôle essentiel à jouer pour convertir les citoyens au net.Le secteur de la santé offre dans ce domaine des pistes particulièrement intéressantes pour les pouvoirs publics, note aussi la Commission européenne : “La santé revêt une importance de plus en plus grande pour les citoyens européens et, parallèlement, nous sommes confrontés aux hausses des dépenses de santé. Le développement d’une e-santé peut à la fois répondre à un tel défi tout en améliorant la qualité des services publics”, analyse Erkki Liikanen.Mais le développement du gouvernement électronique est actuellement freiné par les problèmes de sécurisation des données, la lente mise en place de la signature digitale et un accès insuffisant au large bande.Concernant l’e-commerce, il a généré en 2001 un chiffre d’affaires d’environ 172 milliards d’euros. Un résultat qui pourrait être multiplié par 10 d’ici à 2005, dans un domaine où les PME représentent encore “un gros marché potentiel”, rappelle l’EITO.Le haut débit sera un vrai levier pour l’e-business, d’après ses experts qui évoquent, au passage, l’opportunité d’incitations fiscales pour lui permettre d’être accessible jusque dans les zones les plus reculées.

Inébranlables mobiles

Le nombre d’usagers de téléphones mobiles devrait passer de 291 millions à la fin 2001 à 401 millions d’ici à 2006 en Europe de l’Ouest. Les terminaux GPRS ont déjà mis un pied dans le marché européen, où ils ne représentent pour l’instant qu’1 % des ventes de mobiles. Mais, d’après l’EITO, ce chiffre devrait passer à 80 % en 2004-2005.L’UMTS, dont les licences ont déjà coûté 110 milliards d’euros aux opérateurs et qui requerra encore 150 milliards d’euros supplémentaires d’ici à 2006 pour sa mise en ?”uvre, devrait également se faire rapidement une place. Il passerait d’après l’EITO de 3 % des ventes de mobiles en 2004 à 42 % en 2006.Les revenus liés aux services de données devraient atteindre 75 milliards d’euros sous 4 ans, soit 47 % des revenus du mobile. “Le succès des terminaux de troisième génération, avertit l’observatoire, dépendra étroitement de la capacité des fournisseurs à développer et offrir des applications attrayantes pour les utilisateurs. L’introduction du WAP a clairement démontré que la technologie pure ne suffit pas à attirer le consommateur.” Un point qui fait écho aux préoccupations de la Commission : “Auparavant, nous mettions laccent sur la technologie et la réglementation. Désormais, nous bâtissons notre politique autour des usagers, de façon à ce que la technologie devienne vraiment attirante”, a expliqué Erkki Liikanen, qui a mis au nombre de ses priorités la “promotion de contenus attractifs pour tous les Européens”.* à Bruxelles

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Nathalie Calmès*