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Quand les internautes chinois échappent à la censure sur le Tibet

Malgré la censure, la liberté d’expression se fraye un chemin sur la Toile chinoise. La preuve à l’occasion des troubles au Tibet.

YouTube inaccessible, des blogs fermés, des forums autocensurés, des médias étrangers filtrés… La censure chinoise s’exerce à plein pendant les émeutes au Tibet. Même Tudou.com, le YouTube chinois, a été mystérieusement
mis hors service. Il s’est arrêté pendant 24 heures le 14 mars dernier, au plus fort des violences, officiellement pour déménager son data center de Shanghai…De même, les blogs hébergés par des serveurs étrangers comme blogspot.com ne peuvent être consultés et les forums chinois les plus fréquentés ne laissent passer que les messages conformes à la ligne du parti par peur d’être
fermés définitivement. La presse étrangère anglophone n’est pas mieux lotie même si la censure chinoise a gagné en sophistication dernièrement : au lieu de bloquer l’accès à l’ensemble d’un site, seuls les photos et
les articles gênants ou la page d’actualité internationale sont inaccessibles depuis l’Empire du Milieu. C’est toujours le cas du LA Times ainsi que de la page actualité de yahoo.com et la saisie de
‘ Tibet ‘ sur Google News conduit invariablement à une page de déconnexion du serveur.

Un ‘ cyber Zola ‘ chinois

Cette censure des médias étrangers en Chine n’intéresse pas vraiment la majorité des internautes du pays pour qui l’Occident mène une ‘ propagande ‘ anti-chinoise. Les réseaux sociaux véhiculent
beaucoup de messages à caractère nationaliste voire raciste. ‘ Les Tibétains ont besoin d’une société d’esclaves pour survivre, c’était comme ça dans le passé, c’est comme ça maintenant et ça le
restera à l’avenir. ‘
Dans ce chaos d’informations, certains internautes tentent d’apporter une vision plus objective et d’ouvrir le débat. C’est le cas de Zola, qui se décrit comme un cyberjournaliste-citoyen sur son blog
www.zuola.com. Il y répertorie toutes les informations et photos des médias officiels chinois, traduit des passages de la BBC, met des liens vers des médias étrangers accessibles et a posté un premier message qui l’aurait certainement envoyé
en prison il y a encore quelques années : ‘ Les Tibétains connaissent les mêmes sentiments que les Chinois du nord durant l’occupation japonaise. Ils doivent étudier une autre langue que la leur, respecter
d’autres coutumes que les leurs, cela s’appelle l’asservissement ! ‘
Pour ces propos provocateurs, Zola récolte de la part des internautes des qualificatifs peu flatteurs comme ‘ traître ‘ ou ‘ parasite ‘, mais le débat est lancé. Des Tibétains donnent
leur point de vue et un Chinois, troublé, se demande si son gouvernement a vraiment traité correctement cette minorité ethnique. Impensable ailleurs que sur Internet, ce genre de débat prouve qu’une voie alternative s’ouvre petit à
petit pour l’accès à l’information en Chine malgré les efforts d’une censure omniprésente.

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Nicolas Sridi (à Pékin)