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Quand l’entreprise va jusqu’à s’occuper du temps libre de ses salariés

Il fallait l’imaginer ! Bouygues Telecom l’a fait. Désormais, ses salariés ont à leur disposition formations et ateliers ludiques pour occuper leur temps de RTT.

A l’époque glorieuse où les entreprises high-tech ne savaient qu’inventer pour brider la volatilité de leurs salariés, certaines avaient imaginé de mettre à leur disposition des services domestiques internes : crèches, coiffeurs, pressings, salles de gymnastique ou de relaxation…. Facilités qui leur permettaient de faire face à ces nécessités, sans perdre de temps.On connaissait également les équipes de foot maison, qui allaient défendre leurs couleurs sur le terrain, histoire de fédérer l’esprit de corps (au moins pour la gent masculine !). Il y eut aussi la vogue de l’entreprise citoyenne offrant ou proposant à ses employés des PC à des prix très compétitifs, histoire de les initier à la société de l’information.Et voici qu’une nouvelle étape vient d’être franchie ! En effet, Bouygues Telecom a pris l’initiative d’occuper le surplus de temps libre de ses collaborateurs, résultant de la RTT ?” entre 18 et 21 jours (les Echos du 17 septembre 2002). L’opérateur de téléphonie mobile est-il en train d’instaurer un paternalisme style XXIe siècle, ou bien prend-il le relais des anciens patronages destinés aux jeunes désoeuvrés ? Toujours est-il que l’entreprise leur offre des formations ou des ateliers “loisirs” pour occuper leur temps libre.Pas question ici d’enseignement professionnel. Le terme est même banni. Mais de développement personnel autour de quatre grands thèmes : la culture, le développement des connaissances, la révélation des talents créatifs et l’amélioration de la vie quotidienne. Et la sauce a pris ! De 800 en 2001, les inscriptions ont presque doublé en 2002.C’est dire que l’idée plaît, même si elle pose une interrogation sur le rôle de l’entreprise. Lui appartient-il d’occuper le temps libre de ses salariés, au risque de fausser les relations contractuelles ? Certes, pourrait-on répliquer, les formations sont gratuites, courtes et efficaces, et chacun est libre d’y participer ou non. C’est vrai !Mais il reste qu’une telle initiative frise le surréalisme : dans le contexte actuel difficile de l’emploi, où tout devrait être mis en ?”uvre pour favoriser “lemployabilité de ses salariés”, le choix de favoriser leurs loisirs laisse perplexe. Un peu en désaccord avec les anciens, on a envie crier : “du pain, pas des jeux ” !* Rédactrice en chef adjointe de 01 InformatiqueProchaine chronique lundi 14 octobre 2002

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Anne-Françoise Marès*