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Quand l’Administration réunit ses services délocalisés

Les systèmes d’information territoriaux visent à décloisonner les services locaux de l’Etat. La moitié d’entre eux en sera équipée d’ici à l’été. Leur généralisation est prévue pour fin 2000. Les difficultés de mise en place seront d’ordres culturel, structurel et technique.

Quelques cas de listériose déclarés dans un département, et c’est une kyrielle de services locaux de l’Etat qui se mobilisent. Action sanitaire et sociale, consommation, répression des fraudes et autres services vétérinaires départementaux doivent alors échanger des informations dans l’urgence. La gestion de crise constitue l’un des exemples d’application des systèmes d’information territoriaux. En fait, ces ” SIT ” ont vocation à réunir dans un même département ou une même région les services déconcentrés de l’Etat. Le Comité interministériel pour la société de l’information (Cisi) de janvier 1999 en a décidé la généralisation avant fin 2000. Pas si simple. D’abord, la participation des services locaux de l’Etat reste volontaire. L’été prochain, seulement 40 à 50 % des départements devraient disposer d’un SIT opérationnel. Parmi eux, on trouve une dizaine de pionniers qui n’utilisaient pas encore la technologie intranet, et vers laquelle ils vont à présent migrer. Et il faut de six mois à un an pour installer un tel système.

Des projets pilotés par les préfectures

La première difficulté est d’ordre culturel. “Dans 50 % des cas, l’élément technique est cité comme alibi pour résister au changement, confirme Bertrand Poulizac, chef de projet technique du projet Auvergne. En outre, la participation à un SIT peut être perçue par certains services déconcentrés comme une dépendance accrue par rapport au préfet.” En effet, ce sont les préfectures qui pilotent ces projets en déterminant avec les responsables de pôles utilisateurs quelles applications le SIT supportera. Les services disposant d’architectures techniques hétérogènes et de cultures informatiques différentes, il vaut mieux limiter les risques au démarrage en ne modifiant pas l’organisation actuelle.
Deuxième frein : la volonté affichée de transversalité se heurte aux structures verticales des services de l’Etat. Il est donc plus facile de commencer par les thématiques qui font déjà l’objet d’un travail interministériel. “Un domaine performant jouera un rôle d’incitateur pour les autres “, souligne Christophe Prou, chef de projet technique du SIT du Loir-et-Cher, tout juste sorti d’une phase expérimentale de quatre mois. Dans ce département, une approche ” métier ” – aménagement du territoire, gestion sociale et politique de la ville, environnement, ressources humaines – a été adoptée.
Troisième écueil : la mise en place d’un SIT est soumise à de nombreuses contraintes d’ordre technique (voir encadré). Par exemple, la MTIC (*) préconise de faire héberger son SIT chez un prestataire externe plutôt que sur un serveur de la préfecture… en attendant que l’intranet reliant les administrations centrales soit opérationnel. Malgré tout, “c’est la première fois que l’on n’impose pas un package au terrain, souligne Thierry Courtine, en charge du dossier à la Délégation interministérielle à la réforme de l’Etat (Dire), et qu’on laisse les services construire leurs propres projets “. La démarche est empirique. Et tout reste à inventer.(*) MTIC : Mission interministérielle de soutien technique pour le développement des technologies de l’information et de la communication.

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Christine Peressini