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Quand internet empêchait des start up de voir le jour

Le fondateur de Starline Communications raconte son parcours du combattant pour voir aboutir son projet.

Quand on se prétend ” start up ” fin 1998, la moindre des choses consiste à proposer une activité sur internet. C’est du moins ainsi que les investisseurs ont eu tendance à juger les projets. Pas facile, dans ces conditions, de décrocher des fonds pour lancer une jeune pousse qui vend et intègre des kits de visioconférence. Starline Communications en a fait l’amère expérience. Fondée par cinq anciens cadres d’Alcatel, cette société avait tout pour séduire les capitaux-risqueurs : une équipe connue comme spécialiste de la visioconférence, dix ans d’expérience et un réseau de fournisseurs acquis d’avance. Il n’y avait donc pas à les convaincre. “C’est ce qui a séduit les premiers investisseurs, qui ont appelé les fournisseurs pour vérifier “, raconte le directeur général, Jean-Pierre Munoz. Résultat ? Un véritable parcours du combattant.Les démarches commencent – plutôt bien – en juillet 1998, pour un premier tour de 15 millions de francs. La Caisse des Dépôts met cinq millions dans l’affaire en septembre. Avenir Finance suit, pour deux millions. Le reste ? “L’horreur.”Starline essuie refus sur refus. Certains fonds d’investissement demandent à recevoir le dossier par la poste, ne répondent pas ou s’étonnent un mois après que Starline ne soit “pas sur le net “. ” On nous a même dit : on ne fait pas dans la quincaillerie.” Jusqu’à un responsable de la Bred qui qualifie le projet d’“incongruité “. Avec cet argument : “J’ai un fils de quinze ans qui fait de la visioconférence pour 1 500 francs.” Le bilan laisse Jean-Pierre Munoz perplexe. ” Au premier tour, nous avons pu garder 45% du capital, pour 50 000 francs d’apport initial. Au second tour, nous avions encore 33%. Or, en général, les investisseurs proposent 10% du capital et des stock options en fonction des résultats. Mais ils placent tellement haut le taux de retour sur investissement que les fondateurs des sociétés sont sûrs de rester à 10%. Et, au deuxième tour, ils sont laminés. “Le sommet étant atteint par un investisseur attendu le 2 janvier 1999, chez l’avocat de Starline, pour signer les statuts et le pacte d’actionnariat, pour 10 heures. A 9h45, le téléphone sonne : il ne viendra pas. Il faut reprendre le tour de table, finalement bouclé en avril, à 12 millions de francs.Arrive “la claque du Nasdaq “, dixit Jean-Pierre Munoz. Starline vient de commencer son second tour de table. Surprise : “Tous les investisseurs me rappelaient. Mon dossier qui n’était pas intéressant le devenait “, s’amuse Jean-Pierre Munoz. Ce second tour a servi à racheter – c’est officiel depuis le 10 septembre – AETA, un des pionniers de la visioconférence. Plutôt bien pour une entreprise de quincaillerie !

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Arnaud Devillard