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Quand Eurodisney recrutait en consultant illégalement les fichiers de police

Deux anciens gendarmes ont été mis sous mandat de dépôt pour avoir vendu des informations tirées des fichiers d’infraction. Eurodisney s’en servait pour ses recrutements.

Eurodisney, c’est Mickey et Minnie grandeur nature, Dingo qui sert la main aux enfants et Donald qui se dandine entre les manèges. Mais quand le parc d’attraction recrute, le tableau s’avère nettement moins mignon. Jeudi 18 mai, le
parquet de Meaux, en Seine-et-Marne, a placé sous mandat de dépôt deux gendarmes retraités, devenus détectives privés, qui recueillaient illégalement des informations tirées des fichiers de police. Selon le quotidien Le Parisien
des 17 et 18 mai, ils en revendaient à Eurodisney qui s’en servaient pour faire le tri parmi les candidats à l’embauche…Les gendarmes à la retraite font l’objet d’une information judiciaire pour ‘ violation de secret professionnel ‘ mais aussi ‘ corruption ‘.
Car, pour avoir accès aux fichiers, ils passaient par un gendarme, en activité lui, du centre technique de la gendarmerie nationale de Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Par son intermédiaire, ils ont pu avoir accès aux informations
confidentielles du Système de traitement des infractions constatées (ou fichier Stic) de la Police judiciaire, qui recense toutes les personnes ayant été impliquées dans une infraction, et à celles du système Judex (Judiciaire de documentation et
d’exploitation), tenu par la Gendarmerie nationale.Les enquêteurs ont pu établir au moins 2 500 ‘ incursions ‘ dans ces fichiers. La pratique aurait duré de 1998 à 2004, année où la direction d’Eurodisney aurait décidé de mettre le holà en apprenant
ce qui se passait. Mais la CFDT-Eurodisney, qui a eu vent de tout cela seulement ces derniers jours, par le biais du Parisien, ne décolère pas. Elle dénonce un système organisé et non une dérive émanant d’une seule
personne.

Plusieurs milliers d’euros de dépense

Le syndicat compte se porter partie civile, pour avoir accès au dossier. Et a demandé que cette affaire soit mise à l’ordre du jour du prochain comité d’entreprise. Non seulement pour discuter du détail de la méthode employée, mais
aussi pour avoir une information sur le coût que cela a engendré. Car Eurodisney payait les informations pour chaque candidat. ‘ Cela représente plusieurs milliers d’euros de dépenses ‘, estime déjà, au
vu des 2 500 passages au fichier, Pierre Brossard, délégué syndical CFDT. En attendant, le syndicat essaie d’identifier et de retrouver les candidats à l’embauche recalés par le parc d’attraction. ‘ Mais évidemment,
Eurodisney ne leur disait pas qu’ils avaient une mention au fichier Stic. C’est toute la difficulté de ce dossier. ‘
La CFDT s’était déjà penchée sur la question du recours aux fichiers Stic au sein d’Eurodisney, mais sans en connaître l’étendue. En effet, depuis 2003, la ‘ loi Sarkozy ‘ autorise un employeur à savoir si un
candidat pour un poste d’agent de sécurité est mentionné dans le fichier Stic. Alors qu’avant, il n’y avait besoin que d’une accréditation préfectorale, sans plus d’information. ‘ On avait demandé à l’employeur, dans ces
cas-là, de voir où recaser le candidat
[s’il n’était pas retenu comme agent de sécurité, NDLR], à un autre poste dans l’entreprise, continue Pierre Brossard. On n’a jamais eu de réponse. On comprend mieux
pourquoi aujourdhui… ‘

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Arnaud Devillard