A San Jose, au sud de San Francisco, il y a aussi un quartier réservé. Celui de Cisco, dont les bâtiments remplissent, à défaut d’égayer, une bonne partie de la ville. Tous sont bâtis sur le même moule : propres, fonctionnels, un brin ennuyeux, très impersonnels. Là siège, entre autres, le Cable Solutions Lab, véritable antre de fils et boîtiers en tout genre. Dans cette caverne d’Ali-Baba, les techniciens de Cisco vérifient une dernière fois les maté- riels qu’ils vont mettre sur le marché ?” des modems, des routeurs et des commutateurs pour l’essentiel ?” et traquent le bug. Dans la pénombre du couloir, notre guide, passionné par son métier, nous met en garde : “Si vous avez des questions à poser, faites-le. J’en ai assez de faire visiter le centre à des gens qui ne demandent rien, ne comprennent rien à ce que je dis et qui écrivent ensuite des inexactitudes dans les journaux. ” Bon…
La quincaillerie à rude épreuve
Ce préambule achevé, nous pénétrons dans le saint des saints : le centre de tests. Les modems crépitent de partout. L’?”il, qui s’habitue peu à peu, décèle un fourmillement de points lumineux grésillant en tous sens. Combien de modems, exactement, sont-ils en phase d’évaluation ? Difficile à dire à première vue. “ Aujourd’hui, j’ai 1 643 exemplaires, précise le guide. Tous sont soumis à des tests complets avant d’avoir la permission de quitter l’atelier. “Et c’est vrai. Au Cable Solutions Lab de Cisco, tout se passe comme chez Speedy ou Midas, pour reprendre une analogie chère au secteur de l’automobile. Avant d’être jetée en pâture aux consommateurs, toute la quincaillerie d’internet est soumise à rude épreuve : crash tests en tout genre, températures extrêmes, dans la canicule comme dans le grand froid, résistance aux intempéries comme à l’utilisation intensive en milieu industriel, tout y passe. Même chose lorsque l’appareil, livré chez le client, paraît donner des signes de fatigue. Retour à l’envoyeur ! Là, il passe un sale quart d’heure. “Normalement, on voit assez vite d’où vient la panne. Si elle persiste, on recommence tous les tests, exactement comme si l’on procédait, dans un hôpital, à une série d’examens jusqu’à ce que l’on trouve l’origine du problème. Si on ne trouve toujours rien, on casse tout pour comprendre. “Comme cela arrive souvent dans les garages, le visiteur non initié se demande comment le professionnel s’y retrouve entre les cartons et les étagères, avec cette vieille odeur de renfermé qui sied à toutes les arrière-boutiques. “ Intervenir sur ces machines, c’est devenu un métier très exigeant, affirme notre chaperon. D’ailleurs, les gens ne restent pas longtemps. Après deux ans, ils s’en vont. C’est toujours le même problème avec Cisco : les gens ne restent pas. ” Il ne croyait pas si bien dire. Lorsque, de retour à Paris, nous avons voulu le contacter afin de l’immortaliser devant son magasin, il avait disparu.
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