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Quand Anonymous hacke Anonymous

La situation a quelque chose d’irréaliste : AnonOps, le groupe le plus actif et le plus médiatisé de la communauté des hackers libertaires, vient de voir ses sites piratés par l’un de ses propres membres.

Nom : Anonymous. Profession : hackers sans frontières. Situation actuelle : guerre intestine. Il ne fait pas si bon être anonyme sur Internet ces derniers temps. Après le hack géant du PSN, c’est au tour du groupe qui avait revendiqué les toutes premières attaques contre Sony – les dénis de service, non l’intrusion – de voir à son tour les données personnelles de ses membres dérobées et même publiées.

AnonOps, la structure qui fait office de porte-parole pour la communauté de bidouilleurs libertaires d’Anonymous, a en effet annoncé ce matin, sur un site dédié, que plusieurs de ses sites avaient été hackés par l’un de ses membres, Ryan, opérateur depuis cinq mois sur le canal IRC du groupe. Motif : la dérive égocentrique de certains piliers du mouvement.

Cultes de la personnalité

Alors qu’Anonymous reste aux yeux du grand public une vaste communauté aux contours flous et aux modes opératoires anarchiques, c’est désormais deux groupes qui se retrouvent au coeur d’un règlement de comptes non seulement médiatique, mais également abondant en adresses et prénoms.

D’un côté, on trouve AnonOps, dont les membres s’autodécrivent comme « des gens qui se bougent le cul et font des choses ». Le Twitter du groupe rappelait encore aujourd’hui, au nom du mouvement, n’avoir aucune implication dans le hack du PSN. Mais d’après Ryan le mutin, cité par Thinq, il s’agirait en réalité d’une petite élite d’une dizaine de personnes, marquée par la hiérarchie et « un culte de la personnalité » pour son leader « incompétent », Owen.

L’opérateur rebelle les accuse d’avoir perverti l’esprit initial démocratique et égalitaire d’Anonymous, en s’appropriant un rôle central, moteur, et souvent, inutilement agressif. « Tout le pouvoir, toutes les attaques de déni de service – ça vient de ce canal », assure-t-il. Ryan et son groupe de dissidents se désolidarisent notamment d’OpSony, opération d’attaque de dénis de service contre le PSN dont AnonOps s’est lui-même excusé. « Ils gâchent leur pouvoir dans des opérations stupides », analyse Ryan.

Une crise comme une autre, selon AnonOps

De l’autre côté, un groupe renégat, mené par ce même Ryan, et qui, en rendant publics les noms et IP des membres d’AnonOps, souhaite montrer « à quel point leur système est peu sécurisé. Il espère ainsi que les gens s’éparpilleront, se joindront à de nouveaux groupes et de nouvelles causes ». Mais étrangement, son initiative n’a été que modérément appréciée de ses anciens collaborateurs. Le site dédié d’AnonOps dénonce en effet un membre qui « tire sur tout ce qui bouge, […] n’avait clairement aucune intention de faire JAMAIS quoique ce soit pour Anonymous, mais était uniquement là pour son propre ego ».

Le bras armé d’Anonymous cherche toutefois à relativiser la situation. « Les crises, il y en a presque 24 h sur 24 h, et parfois l’une d’entre elles dépasse le réseau. La seule raison pour laquelle celle-ci est plus importante que les autres, c’est parce que les utilisateurs d’AnonOps ne peuvent plus accéder au réseau ». Et de rappeler que si Ryan a pu hacker plusieurs sites du groupe, c’est, non en raison de ses capacités techniques, mais de la confiance acquise auprès des autres membres durant cinq mois, qui lui avait permis d’obtenir de nombreux accès.

Nul doute qu’il faudra une sacrée dose d’humour à Sony pour apprécier le cocasse de la situation avec toute la distance nécessaire.

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William Audureau