Qualcomm annonce aujourd’hui son Snapdragon 8cx Gen 3, sa troisième itération de puce ARM pour PC Windows milieu de gamme. Cette dernière précision est d’importance. Depuis le début de l’aventure Windows on Snapdragon, initiée en 2017, Qualcomm a toujours comparé ses différentes puces à des Core i5.
Or, avec le succès de l’Apple M1, réussite technologique tant du point de vue du design, du node de production (5 nm) que de la partie logicielle, il serait plus hasardeux que jamais pour Qualcomm de comparer ses puces 8cx à des M1 – sans même parler des M1 Pro. Enfin, pour le moment…
Après un 8cx Gen 2 qui n’était qu’une évolution totalement marginale du premier 8cx annoncé en 2019, le Snapdragon 8cx Gen 3 est une refonte en profondeur de la puce. À commencer par le node de fabrication, puisqu’il s’agit de la première puce pour PC Windows à être gravée en 5 nm (le 8cx fut la première puce à profiter du 7 nm à l’époque).
De manière assez surprenante de prime abord, la partie CPU est basée sur un CPU ARMv8, et non les nouvelles instructions ARMv9, comme c’est le cas du nouveau Snapdragon 8 Gen pour smartphone. Ce qui ne veut pas dire que c’est un CPU manchot.
Point d’organisation big.LITTLE comme c’est le cas des smartphones, mais plutôt en cœurs « very big » et « big » : aux quatre cœurs ultras puissants Cortex-X1 s’ajoutent quatre cœurs Cortex-A78. Pas de petits cœurs, base consommation, donc, car l’objectif est de donner un peu plus de pêche à la puce. Et les promesses sont alléchantes puisque Qualcomm promet un gain de 40% en simple thread, mais surtout allant jusqu’à 85% en multithread !
Un niveau d’amélioration similaire est à attendre du GPU Adreno qui promet jusqu’à 60% de performances en plus par rapport à son prédécesseur. De quoi permettre à Qualcomm d’affirmer que sa puce sera naturellement « plus performante qu’un Core i5 d’Intel sur tous les plans ». Sans prendre malheureusement la peine de citer avec précision le modèle exact de la puce concernée…
En tout état de cause, le couple CPU et GPU du Snapdragon 8cx Gen 3 serait à même de dominer une puce de milieu de gamme tout en offrant, selon Qualcomm, une autonomie plus importante – pour peu que les constructeurs ne rognent pas sur la batterie, comme on l’a vu par le passé !
Profiter des composants mobiles
En montant en gamme chez Intel et AMD, on peut trouver des puces plus puissantes – et aussi plus énergivores. Mais les 8cx de Qualcomm peuvent aussi compter sur des « morceaux » de puce qui n’existent pas ou de manière moins développée chez Intel et AMD.
Le premier élément qui vient à l’esprit étant évidemment le modem. Dépourvu de modem intégré, le Snapdragon 8cx Gen peut être accompagné de différents modems externes du catalogue de Qualcomm, allant du X55 au X62, en passant par le X65. Dans tous les cas, cela confère au PC une connexion 5G de pointe, ainsi que de meilleurs protocoles Wi-Fi (6/6E).
S’ajoute à ça le puissant processeur d’image Spectra qui permet, sans venir taper dans la puissance CPU ou GPU, de piloter de main de maître jusqu’à quatre caméras de 24 Mpix chacune – bon, ok, on attend déjà la généralisation des Webcams Full HD (2 mpix) ! Enfin, dernier argument, le DSP Hexagon en charge des algorithmes d’IA s’invite également.
Et là les progrès par rapport à la génération précédente sont fulgurants : quand le 8cx Gen 2 déployait jusqu’à 9 TOPS, cette nouvelle mouture affiche 29 TOPS au compteur.
De quoi exécuter en temps réel des filtres de flou vidéo, la suppression des bruits ambiants pendant les vidéoconférences, etc. sans taper dans la durée de vie de la batterie (contrairement à l’exécution CPU/GPU des puces x86).
Si on attend de voir quel sera le positionnement tarifaire de cette nouvelle puce gravée dans un procédé de pointe, Qualcomm a aussi annoncé une seconde puce qui, elle, pourrait connaître une audience plus large que le 8cx Gen 3, logiquement assez cher.
Snapdragon 7c+ : une promesse de gros volumes ?
Si le Snapdragon 8cx Gen 3 représente pour l’heure le fleuron de Qualcomm, le fait est que ces puces sont onéreuses et intégrées dans des machines qui le sont tout autant.
Bien que l’écosystème d’application se remplisse peu à peu et que Windows 11 intègre l’émulation x64-ARM64, investir une grosse somme d’argent dans une puce moins compatible peut faire peur aux fabricants de PC.
Le Snapdragon 7c+, lui, ne fait pas peur, mais a des atouts pour faire des volumes de vente. Gravé en 6 nm, ce SoC promet des hausses de performances loin d’être marginales : jusqu’à 60% côté CPU et jusqu’à 70% pour le GPU. Mais surtout, cette puce d’entrée de gamme promet des PC à 300-400 euros profitant de la 5G et du Wi-Fi 6. De quoi abaisser sacrément le ticket d’entrée de ces deux technologies dans des machines tout à fait correctes côté computing.
Derniers progrès : le nombre de marques partenaires et l’arrivée prévue sur le marché. Alors que certaines moutures des puces Snapdragon pour PC ont mis plus d’un an avant d’être effectivement adoptées par une poignée de marques, ici Qualcomm va plus vite. Tant le Snapdragon 8cx Gen 3 que le Snapdragon 7c+ devraient être intégrés dès la première moitié de l’année 2022.
Et Acer, HP, Lenovo et Microsoft ont annoncé leur soutien en live lors de la conférence du Snapdragon Summit par le biais de représentants, avec les logos additionnels d’Asus et Samsung. Dell mis à part, toute l’industrie semble donc répondre favorablement aux puces ARM de Qualcomm.
Et ça, c’est avant même la prochaine génération de puces prévues pour fin 2022 qui devraient, selon plusieurs pontes de Qualcomm avec lesquels nous avons pu parler, « s’attaquer frontalement à l’Apple M1 ». Ces dirigeants de Qualcomm ne précisent toutefois, pour le moment, pas la version de la puce d’Apple visée. Et cela a son importance, car le M1 aura deux ans en fin d’année 2022…
Une chose est sûre : la perception de l’industrie pour les puces ARM a bien changé – cela Qualcomm le reconnaît « grâce au très bon travail et à l’excellente image de marque d’Apple ».
Et quoi qu’en retard sur les versions très hautes performances, Qualcomm semble confiant pour la montée en puissance de ses architectures pour faire la nique à tous les géants du PC. S’il reste à voir les résultats, on ne peut enlever à Qualcomm sa ténacité.
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